ETUDE DE CAS. Ould Diay, un Homme, un But, une bonne ou mauvaise foi ?

Mohamed Ould Chighali
Mohamed Ould Chighali

ETUDE DE CAS. Ould Diay, un Homme, un But, une bonne ou mauvaise foi ?
Même si elle est constitutionnelle, elle est devenue une tradition chez nous, comme
d’ailleurs dans d’autres pays reculés.
Pour ne pas déroger à cette règle exigée par les textes qui régissent la vie politique et
publique de ce pays, le Premier ministre, Mokhtar Ould Diay avait présenté le mercredi 4
septembre 2024, les grandes lignes de la politique générale du gouvernement.
L’événement s’était déroulé dans l’hémicycle d’une Assemblée Nationale que Ould Diaye
connait bien et dont il garde certainement encore aujourd’hui un très mauvais souvenir.
Le 25 Janvier 2019 (sous le régime de Ould Abdel Aziz). Ould Diay, qui était venu devant les
députés défendre la loi des finances de cette année-là, avait encaissé des insultes et des
critiques de tous genres proférés contre sa propre personne par le Député Biram Dah Ould
Abeid.
A l’époque, Ould Diay, puissant ministre des finances sous le régime d’un très puissant Chef
d’Etat (Ould Abdel Aziz), n’était pas aimé du tout. Au contraire, – je dirais même -, qu’il était
détesté et parfois même haï par beaucoup de mauritaniens aussi bien du milieu politique
que du milieu industriel, commercial et financier.
Quatre ans et huit mois après cet incident malheureux qui avait fait dire à Biram Dah Ould
Abeid, ce qu’il ne devait pas dire et ce que Ould Diay ne méritait pas vraiment (même si
certains pensent le contraire), Ould Diay semble toujours garder les stigmates du passé de sa
personnalité publique que beaucoup de mauritaniens toutes tendances confondues
n’arrivent pas à digérer.

Ould Diay, bonne ou mauvaise foi ? 

Je crois l’avoir dit moi-même dans un précédent article, Il faut dire, que l’atterrissage de
Ould Diay à la Primature relève de l’inimaginable. Certains mauritaniens, aussi bien de la
classe politique que du milieu de l’électorat de Ould Ghazouani, se demandent encore
jusqu’à présent qu’est ce qui a bien pu pousser Ould Ghazouani, (très bas dans les
sondages), à croire que Ould Diay (très bas aussi dans les sondages) serait l’Homme de la
situation.
Pour certains, c’est clair. Ould Ghazouani, qui va franchir la ligne d’arrivée en 2029, a besoin
d’un « Beni OUI-OUI » pour se remplir davantage les poches et pour renflouer ses comptes
qui explosent déjà de l’argent mal acquit. Pour d’autres, par contre, Ould Ghazouani qui,
durant cinq années avait laissé chacun faire ce qu’il voulait, s’est décidé finalement à mettre
fin à l’anarchie épouvantable qui règne dans les milieux du détournement des deniers
publics à cause de l’étendue de la corruption sous toutes ses formes.
Ce qui est certain, c’est que Ould Diay, (celui qui cache son visage derrière un masque de
bronze comme disent certains), ne jouera pas au style de Ould Bilal son prédécesseur. Ould

Bilal, un homme honnête, travailleur et consciencieux) mais un homme qui était très affaibli
par sa timidité et la naïveté qui lui faisait croire que les avertissements, les mise-en-garde et
les menaces pouvaient faire changer les choses.
Au cours de la séance de l’Assemblée Nationale, qui s’était donc déroulée en présence de
membres du Gouvernement et de hauts fonctionnaires de l’Etat, le Premier Ministre Ould
Diay avait engagé la responsabilité de son gouvernement pour la mise en place une
politique taillée sur la mesure du programme électoral du Président Mohamed Ould Cheikh
El Ghazouani.
Le discours de Ould Diay, donnait aux mauritaniens l’impression d’un son de mélodie déjà
entendu. Un refrain qu’avaient entonnés avant lui Ould Cheikh Sidiya et Ould Bilal deux
premiers ministres qui ont été incapables de venir à bout du vol d’une bande organisée de
pilleurs et de détournements de deniers publics dont les membres (confondus dans le même
intérêt) sont des politiciens, des hauts cadres et des parlementaires qui s’appuient sur des
hommes d’affaires, des entrepreneurs et des responsables d’établissements publics pour
dilapider les moyens de l’Etat.
Le nouveau Premier Ministre, promet en cinq points d’achever le travail de ses
prédécesseurs, un travail de lutte contre la gabegie, le détournement et la corruption qui
deviennent cancérogènes dans tous les rouages de l’Etat.
Et il était évident que Ould Diay, le « mal-aimé » allait avoir du mal à « vendre » son projet
de « désinfection » du système, un système auquel il appartient et un système qui est rongé
de l’intérieur par la corruption et l’ingérence de chefs traditionnels religieux ou tribaux
insatiables, mais qui est surtout empoisonné par des influenceurs politiques de poids très
lourds qui passent partout et par tous les moyens pour « racler » les sous d’un Etat dont les
habitants estimés à 5.000.000 tirent tous le diable par la queue .
C’est d’ailleurs pourquoi, certains députés n’ont pas laissé échapper l’occasion pour dire à
Ould Diay, (face-to-face), qu’il est très mal placé pour faire croire aux mauritaniens qu’avec
lui, les choses vont changer. Parce que simplement pour eux, Ould Diay est le mal en
personne.

Ould Diay victime de tirs groupés.

Ce débat pour le vote du programme de Ould Diay avait parfois donné lieu à des
interventions violentes et dénigrantes de la part de quelques députés. On n’était pas revenu
au genre d’insultes du Député « incontrôlable » Biram Dah Ould Abeid de 2019, mais
presque.
Les députés de l’Assemblée Nationale, sont allés en ordre dispersés pour critiquer le
programme proposé par le Premier Ministre du second quinquennat de Ghazouani ; Les
négros-mauritaniens ont rappelé au Premier Ministre que le problème du Passif humanitaire
reste posé dans sa forme comme dans son fond ; les harratines ne sont pas satisfaits du
niveau de performance dans la lutte contre l’esclavage et la traite des êtres humains ; les
opposants ont dit clairement qu’avec un Ould Diaye à la Primature, les vols, les
détournements et la gabegie auront encore de beaux jours devant eux ; et les mécontents
de la Majorité ont donné un son de cloche pour attirer l’attention sur ce qui pourrait arriver
si Ould Diay était investi d’une mission comme celle dont l’avait investi le prédécesseur de
l’actuel président.

Face à de très nombreux ennemis de son propre camp et des ennemis de l’environnement
de la majorité politique au pouvoir, Ould Diay, le « mal-aimé » va-t-il réussir à donner
satisfaction au président qui l’a choisi à la surprise générale de tous ? Beaucoup comme moi
pensent que oui.
Si donc c’était le cas, Mokhtar Ould Diay va-t-il donner satisfaction à Ould Ghazouani dans le
bon ou dans le mauvais sens ? Toute la question est là !
Si Ould Diay va donner satisfaction à Ould Ghazouani dans le bon sens, cela signifierait qu’il
va déclarer la guerre au Clan. Et, Ould Diaye le sait bien, le Clan ne badine pas avec ceux qui
sont très regardants sur ce qui se fait, par qui il est fait et pour qui il est fait.
Donc soit ça passe, soit ça casse ! Si ça passe, beaucoup de membres du « Clan » se
retrouveront derrière les grilles c’est évident, et si ça casse, c’est Ould Diaye qui se
retrouvera à la Casse et pour de bon. Le « Clan » a ses règles.
Mohamed Ould Chighali
Journaliste indépendant.

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