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ÉDITORIAL — 1er MAI 2025: Travailleurs du monde : entre promesses et précarité

ÉDITORIAL — 1er MAI 2025
Travailleurs du monde : entre promesses et précarité

Par la Rédaction
Chaque 1er mai, le monde célèbre la Journée internationale des travailleurs, un rendez-vous chargé de symboles et d’espoirs. C’est le moment où les rues se remplissent de banderoles, où les poings se lèvent pour rappeler que le progrès social n’est jamais acquis — qu’il se conquiert. En 2025, cette journée prend un relief particulier, entre désillusions post-pandémiques, mutations économiques brutales, et aspirations de justice sociale.

En Mauritanie, les travailleurs continuent de faire face à une réalité aussi implacable qu’injuste. Dans les mines de fer de Zouérate, les ouvriers endurent des conditions de travail pénibles sous un soleil de plomb, avec une protection sociale minimale. Dans les ports de Nouadhibou, des dockers sous-payés assurent la logistique d’une économie tournée vers l’exportation, sans voir les fruits de cette richesse. Même dans les secteurs en croissance comme les télécommunications ou l’énergie, la précarité reste la norme. Le taux de chômage des jeunes dépasse les 30 %, et le travail informel, sans sécurité ni droits, demeure une planche de salut pour des centaines de milliers de Mauritaniens.

À l’échelle mondiale, le tableau n’est guère plus reluisant. Le modèle économique dominant a changé, mais pas les rapports de force. Tandis que les multinationales engrangent des bénéfices records, des millions de travailleurs dans le Sud global survivent avec moins de deux dollars par jour. L’essor de l’intelligence artificielle et de l’automatisation, loin de libérer l’humain du travail harassant, semble accentuer les inégalités : emplois délocalisés, postes supprimés, ou transformés en tâches fragmentées et mal rémunérées à travers des plateformes numériques.

Dans les pays dits « développés », la classe moyenne s’effrite sous la pression de l’inflation, de la déréglementation, et de la financiarisation de l’économie. Les syndicats, pilier historique de la défense des droits, peinent à s’adapter à cette nouvelle donne. L’ubérisation du travail, synonyme de flexibilité pour les entreprises, rime souvent avec exploitation pour les travailleurs.

Mais tout n’est pas sombre.

Partout, des voix s’élèvent. En Mauritanie, de jeunes leaders syndicaux émergent, porteurs d’un discours neuf sur la dignité au travail, la transition écologique et la justice sociale. Dans le monde, des coalitions transnationales s’organisent, liant le combat des livreurs de Dakar à celui des ouvriers de Shenzhen ou des enseignants de Chicago. Le syndicalisme numérique, encore balbutiant, ouvre de nouveaux espaces de solidarité.

Ce 1er mai 2025, le combat des travailleurs est plus universel que jamais. Il ne s’agit plus seulement de revendiquer un salaire décent ou des horaires raisonnables. Il s’agit de redéfinir la finalité du travail dans un monde en mutation : un travail qui donne sens, qui respecte la dignité humaine et qui s’inscrit dans un projet collectif de société.
Il est temps que les gouvernements, les entreprises et les institutions internationales entendent cet appel. Il est temps que le mot travail cesse d’être synonyme de souffrance, pour redevenir une source d’épanouissement et de justice.
Car célébrer le 1er mai, ce n’est pas seulement se souvenir du passé ou dénoncer les injustices. C’est aussi dessiner, collectivement, un avenir plus équitable.

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