Déclaration : COVICIM- Collecif des veuves

Déclaration : COVICIM- Collecif des veuves

Nouakchott, le 28 novembre 2023

DECLARATION A L’OCCASION DE LA COMMEMORATION DU 33IEME ANNIVERSAIRE DES
PENDAISONS D’INAL.
Dans la nuit du 27 au 28 novembre 1990, l’Etat mauritanien, par le biais de l’armée nationale, a pendu à Inal
28 militaires négro-mauritaniens pour célébrer le trentième anniversaire de l’accession de notre pays à
l’indépendance. Depuis cette date, le 28 novembre a perdu de son lustre pour devenir un jour de deuil pour
une bonne partie de la communauté nationale touchée dans sa chair et dans son existence. Cette nuit
d’horreur marque le point d’orgue d’un génocide savamment orchestré par l’Etat mauritanien contre la
communauté noire du pays. L’épuration ethnique systématique, entamée quelques années auparavant,
touchera tous les secteurs de la vie nationale et en particulier les forces armées et de sécurité, dont plus de
cinq cents membres seront assassinées dans les camps mouroirs d’Inal, Azlatt, Nbeika, Jreida, Aleg, Tiguint
et autres camps et garnisons militaires à travers le pays (environ 32 sites de torture connus).
36 ans ont passé ( La fusiade à Zreida en 1987, des tortures et exécutions en 1988, La pendaison d’Inal en
1990, sans s’oublier des militaires limogés puis tués et mis dans des fosses communes tel que Wothie , Sory
Malé ,…etc.) mais jusqu’ici les veuves, les orphelins et les ayant-droits des victimes civiles et militaires de ce
génocide perpétré par le régime du sanguinaire colonel Maouiya Ould Sid’Ahmed Taya ignorent encore où
sont enterrés leurs proches et n’ont donc pas pu avoir accès à leurs dépouilles (ou ce qu’il en reste) pour leur
offrir des sépultures dignes et conformes aux recommandations de notre sainte religion l’islam. Pourtant
l’Etat mauritanien avait annoncé en mai 2018 puis 2023, l’ouverture d’un dialogue et une enquête pour
localiser les tombes de tous les militaires disparus mais cela n’a jamais connu le moindre début d’exécution.
Depuis 36 ans, les veuves, les orphelins et les ayant-droits de ces victimes réclament en vain que justice soit
rendue. Au contraire les commanditaires et les exécutants du génocide se pavanent aujourd’hui dans les rues
et ruelles de Nouakchott et de toutes les villes du pays sans la moindre crainte, protégés par l’Etat à travers
une scélérate loi d’amnistie votée en 1993 qui empêche toute poursuite à leur encontre. Pire, certains d’entre
eux sont promus aux plus hautes fonctions dans l’appareil de l’Etat.
Les organisations signataires de la présente déclaration exigent :
– La lumière (vérité) sur cette bavure qu’a connue ce pays durant toutes les années de braises.
– La justice
– L’abrogation de la loi d’amnistie de 1993.

COVICIM ET COLLECTIF DES VEUVES

Nous engageons le régime du Président Mohamed Ould Cheikh Ghazouani, de rétablir cette justice pour
garantir une réconciliation saine ! Nous lui rappelons que le pardon et la réconciliation ne se décrètent pas
et qu’ils ne peuvent intervenir tant que le pays ne sera pas acquitté des devoirs de vérité, de justice, de
mémoire et de réparation dans le cadre d’une justice transitionnelle.
Alors et seulement alors, le 28 novembre pourra à nouveau représenter pour tous les Mauritaniens la date
symbolique de l’indépendance nationale et cesser d’être le symbole de la discorde.

CI-JOINTE LA LISTE DES 28 SOLDATS PENDUS DANS LA NUIT DU 27 AU 28 NOVEMBRE1990
01 – Sergent-chef Diallo Abdoulaye Demba
02 – Adjudant-chef Abdoulaye Djigo
03 – 1ère classe Samba Oumar NDIAYE
04 – 1ère classe Ibrahima Demba Diallo
05 – 1ère classe Mamadou Hamadi SY
06 – Sergent Mbodj Abdel Kader SY
07 – 1ère classe Samba Baba Ndiaye
08 – 2ème classe Oumar Demba Diallo
09 – 1ère classe Amadou Saïdou Thiam
10 – 1ère classe Mamadou Oumar SY
11 – 1ère classe Abdarahmane Diallo
12 – Sergent Diallo Demba Baba
13 – Soldat Mamadou Demba SY
14 – Soldat Alassane Yéro Sarr
15 – Caporal Amadou Mamadou Bah
16 – Sergent-chef Lam Toro Camara
17 – Sergent-chef Souleymane Moussa Bah
18 – 2ème classe Oumar Kalidou Thiam
20 – Sergent Samba SALL
21 – 2ème classe Abdoulaye Beye Diallo
22 – 1ère classe Cheikh Tidiane DIA
23 – 2ème classe Samba Bocar Soumare
24 – 1ère classe Moussa Ngaïde
25 – 1ère classe Siradio Lô
26 – 1ère classe Demba Oumar Sy
27 – Sergent Adama Yero Ly
28 – 2ème classe Samba Demba Coulibaly.

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