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DÉBAT: Mamadou Barry des FPC répond au ministre Mohamed Vall Bellal.

DÉBAT: Mamadou Barry dit Hammel Barry des FPC répond au ministre Mohamed Vall Bellal.

L’intervention de Mr. Ould Bellal : si seulement la base de son raisonnement était vraie…

Je viens d’écouter l’intervention de Mr Mohamed Vall Ould Bellal adressée aux membres d’un groupe WhatsApp. Et cela tout juste après avoir lu la réponse du président des FPC, Samba Thiam, à Mohamed Ould Maouloud, président de l’UFP.


Alors, je me permets quelques remarques. Cette intervention révèle un talent extraordinaire de l’ancien ministre. Il est très convainquant dans son discours et parait très raisonnable dans son approche : Ould Bellal s’est fondé principalement sur les thèses suivantes :

– Les Arabes étaient majoritaires en Mauritanie pendant la colonisation française et ils continuent de l’être ;
– Le colon français avait privilégié le Noir mauritanien au détriment de la majorité arabe ;
– Historiquement des interactions positives ont existé entre nos différentes communautés.

J’étais presque embarqué par l’éloquence et l’apparence raisonnable du discours de l’ancien ministre. Cependant après avoir écouté son intervention en arabe (malgré des limites dans cette langue), et quand j’ai commencé à me poser des questions sur la base de son raisonnement, j’ai tout de suite vu qu’il fallait des réserves nécessaires.

En effet, certaines affirmations demandent des faits objectifs pour convaincre de leur véracité.
Premièrement, la question est de savoir, sur quel fait se base M. Ould Bellal pour affirmer que les Arabes étaient majoritaires en Mauritanie. Est-ce que l’ex-ministre considère déjà d’office que les harratines sont arabes ? Et quelles données fiables, officielles, de quel recensement objectif se base-t-il pour déterminer que telle communauté est majoritaire ou que telle autre est minoritaire ?

Ensuite, l’ex-ministre pense que le colon privilégiait la communauté Noire au détriment de la communauté arabe et cela en se basant sur l’école et l’impôt. Quand on examine cette assertion, on se rend compte qu’elle est erronée. Les Noirs payaient l’impôt, non pas seulement sur le nombre des individus que comptait la famille, mais aussi ils étaient taxés par rapport au nombre du bétail possédé par la famille. Certains d’entre nous connaissent bien la torture sous le soleil du chef de village pour non-règlement de l’impôt. Mr. Bellal trouve que l’enseignement colonial privilégiait les communautés du Sud, puisque sédentarisé, tandis que l’enseignement de la communauté arabe était nomade. Un fait qui est manifestement positif pour les Arabes, mais l’ex-ministre veut lui trouver un aspect négatif. En tout cas mes parents peulhs auraient bien aimé avoir un enseignant avec eux à chaque fois qu’ils se déplaçaient avec leurs vaches au lieu de faire voyager leurs enfants à des dizaines de kilomètres pour se rendre à l’école. La majorité des Noirs n’étaient pas instruits à cause de l’absence de l’école dans leur zone d’habitation.

Enfin, Mr l’ex-ministre nous fait l’éloge de la bonne cohabitation de nos différentes communautés. Certes, nous avons des exemples de l’interaction positive entre nos communautés, mais aujourd’hui l’histoire nous renseigne que nos divergences ont plus d’impacts négatifs sur nos relations que l’inverse.
Par ailleurs, Mr. Bellal a omis beaucoup de choses intéressantes de son exposé en arabe de la version française. Par exemple, là où il avertissait tous les extrémistes de faire attention à leur projet qui aura une incidence dangereuse contre eux même. Cette menace à l’encontre des nationalistes, surtout negro-mauritaniens n’apparait pas dans la version française. La question est de savoir pourquoi l’omission ? Cela confirmerait-il les confidences de Jamal Ould Yessa relatées par le président des FPC ?

Plus curieux encore, l’Ex-ministre a évité certains sujets importants. Il ne veut pas reconnaitre l’état de fait. Aujourd’hui, les Negro-mauritaniens sont vidés de l’administration. Le processus de spoliation de leurs terres est presque achevé. Ould Bellal a pris soin de ne pas parler des déportations. Mais il n’a pas hésité de mentionner des erreurs commises par toutes les communautés. Chose qui est devenue familière chez certains Mauritaniens. Cette position équilibriste, ce comportement têtu de certains de nos progressistes arabes qui note une volonté de faire toujours partager les responsabilités coûte que coûte entre l’oppresseur et l’opprimé.

De mon point de vue, le premier problème à résoudre en Mauritanie serait de se débarrasser de cette obsession par rapport à la majorité démographique. En effet les déportations, les exécutions extrajudiciaires et le déni de citoyenneté des Noirs ne s’expliquent que par la détermination du système de réaliser ce mythe majoritaire.
Pour conclure, je dirai si nous voulons une vraie réconciliation, il faudra commencer par reconnaitre que toutes les communautés mauritaniennes n’ont pas les mêmes intérêts. A partir de cette vérité simple, nous devons nous demander comment faire pour avoir des intérêts communs. Pour être bref, il faut repartir au point de départ, pour un possible contrat social entre toutes les communautés mauritaniennes.

Mamadou Barry dit 20/06/20
Hammel Barry
USA

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