Coronavirus : la France « ne souhaite pas de discrimination » des personnes âgées ou fragiles dans le déconfinement progressif

L’épidémie de Covid-19 a tué 761 personnes en vingt-quatre heures, pour un bilan total de plus de 18 600 morts. Pour y faire face, l’Assemblée nationale a adopté dans la nuit un nouveau budget de crise.

Le Monde avec AFP  Publié aujourd’hui à 03h05, mis à jour à 14h59

Le déconfinement progressif après le 11 mai s’organise doucement, le gouvernement dévoilant des précisions au compte-gouttes. En attendant que le premier ministre, Edouard Philippe, se livre à un nouvel exposé pédagogique dimanche, Emmanuel Macron a tenu à rassurer, et le gouvernement a déjà annoncé de nouvelles mesures économiques.

Emmanuel Macron a d’ores et déjà clarifié qu’il « ne [souhaitait] pas de discrimination » des personnes âgées ou fragiles dans le déconfinement progressif après le 11 mai, a expliqué l’Elysée dans la soirée du vendredi 17 avril.

Le chef de l’Etat a voulu faire cette mise au point en voyant « monter le débat sur la situation de nos aînés, après les déclarations du professeur Jean-François Delfraissy ». Celui-ci avait dit, mercredi, au Sénat, que « pour les personnes d’un certain âge, de 65 ou 70 ans » et les personnes fragiles, « on continuera le confinement ». De fait, les seniors représentent une population à risque. Selon le dernier bilan, vendredi, au moins 7 203 morts liées à la pandémie en France ont été dénombrées dans les seuls établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).

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Au total, le nombre de morts s’établit à au moins 18 681, a annoncé vendredi le directeur général de la santé, Jérôme Salomon, soit 761 personnes de plus en vingt-quatre heures. Pour le troisième jour d’affilée, le nombre de personnes hospitalisées à cause du Covid-19 a baissé, de 115, pour un total de 31 190. Le nombre de personnes en réanimation est aussi en recul, pour le neuvième jour de suite, avec une baisse de 221 malades, à 6 027. Malgré la baisse, 15 000 étudiants infirmiers et 3 000 aides-soignants stagiaires ont été appelés en renfort en Ile-de-France.La propagation du Covid-19 en FranceMIS À JOUR LECas confirmés et décès cumulés dus au Covid-19 en France depuis le 2 mars.Note : la stratégie de dépistage se limitant aux cas sévères de la maladie, les chiffres du nombre de cas sous-représentent la réalité de l’épidémie. › en savoir plus


Source :Santé Publique France


  • Passage d’un régime d’arrêt maladie au chômage partiel

Alors que le confinement est en place depuis plus d’un mois, des mesures évoluent. Ainsi, les personnes en arrêt de travail pour garde d’enfant ou celles plus vulnérables au coronavirus passeront d’un régime d’arrêt maladie à un régime de chômage partiel, qui permet d’être indemnisé à 70 % du salaire brut et à 84 % du salaire net (100 % pour le smic), à compter du 1er mai. Pour le financer, le gouvernement a débloqué 1,2 milliard de crédits supplémentaires.

  • De nouvelles mesures économiques prises

L’Assemblée nationale a adopté dans la nuit de vendredi à samedi le nouveau budget de crise, qui doit passer mardi au Sénat. Outre l’élargissement du chômage partiel, le gouvernement a débloqué 281 millions d’euros pour financer l’achat de masques non sanitaires, et 500 millions de crédits pour des avances remboursables et prêts bonifiés à destination d’entreprises fragiles ou en difficulté.Lire aussi  Coronavirus : soutien aux entreprises, prime aux soignants… L’Assemblée nationale adopte un nouveau budget de crise

Le transport routier n’est pas oublié : le gouvernement a débloqué « 390 millions d’euros de mesures de trésorerie » en faveur de ce secteur. « Deux nouvelles mesures spécifiques » ont été mises en place afin de faciliter « la poursuite de cette activité économique prioritaire ». La taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE), actuellement remboursée aux opérateurs du transport routier de marchandises chaque semestre, sera exceptionnellement remboursée tous les trimestres. Selon le gouvernement, cette mesure « permettra un gain de trésorerie immédiat de près de 300 millions d’euros pour l’ensemble de la filière ».

Deuxième geste en faveur du secteur : « La prochaine échéance de la taxe sur les véhicules routiers (TSVR) 2020, qui doit être payée au plus tard le 1er septembre, sera reportée de trois mois. » Le gouvernement estime que « ce report soulagera la trésorerie des entreprises du secteur de 90 millions d’euros ».

En outre, des organisations de bailleurs ont appelé à annuler trois mois de loyers des très petites entreprises (TPE) qui ont dû fermer au début du confinementCette demande s’inscrivait dans un contexte de fortes tensions entre les fédérations de commerçants, qui demandaient une annulation généralisée des loyers, et leurs principaux propriétaires, notamment les centres commerciaux, qui privilégiaient un simple report.

Dans un communiqué séparé, Bruno Le Maire a salué « un geste de solidarité très important qui va permettre de soulager la trésorerie des petites entreprises ». Dans un communiqué samedi, seize fédérations de commerçants ont jugé cet appel « insuffisant », estimant que « cette mesure ne doit pas se limiter aux seules TPE bénéficiaires du fonds de solidarité » :

« C’est l’ensemble des commerçants, petits, moyens et grands, quelle que soit leur taille qui sont aujourd’hui fermés et qui sont menacés dans leur survie. »

  • 1 046 cas de contamination sur le porte-avions « Charles de Gaulle »

Le bilan est cette fois définitif : 1 046 marins du porte-avions français Charles-de-Gaulle ont été testés positifs au nouveau coronavirus sur un total de 1 760, a détaillé samedi l’armée française. Près de 50 % des cas sont asymptomatiques. Entre 20 et 30 marins, selon les jours, sont hospitalisés, et un major d’une cinquantaine d’années est en réanimation. Son état est stationnaire et ses « réflexes respiratoires fonctionnent », a fait savoir le porte-parole de la marine nationale, le capitaine de vaisseau Eric Lavault.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  « C’était “faites au mieux les gars !” » : le récit de la contamination du « Charles-de-Gaulle »

La veille, devant la commission défense de l’Assemblée nationale, la ministre des armées, Florence Parly, avait évoqué 1 081 marins positifs sur l’ensemble du groupe aéronaval − le Charles-de-Gaulle, les navires accompagnants et les aéronefs. Une immense majorité d’entre eux vient donc bien du bâtiment nucléaire lui-même, où le virus s’est répandu comme une traînée de poudre, touchant presque 60 % de ses effectifs.

  • Le pouvoir des maires limité

Le confinement se régularise également. Le Conseil d’Etat a décidé de limiter le pouvoir des maires, jugeant qu’ils ne pouvaient pas prendre d’autres mesures que celles décidées par l’Etat dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.

La plus haute juridiction administrative se prononçait en référé sur un arrêté municipal qui avait imposé le port du masque dans la commune de Sceaux (Hauts-de-Seine). Le Conseil d’Etat pose comme seules exceptions à ce principe « des raisons impérieuses liées à des circonstances locales », mais « à condition de ne pas compromettre la cohérence et l’efficacité [des mesures] prises par les autorités de l’Etat ».Lire aussi  Coronavirus : les maires ne peuvent pas obliger les habitants de leur ville à porter un masque

  • Le débarquement d’un bateau de croisière refusé à Marseille

Le préfet des Bouches-du-Rhône a refusé d’octroyer une dérogation à un bateau de croisière qui souhaitait faire une escale imprévue à Marseille pour y débarquer 1 400 personnes dont 461 passagers français, a annoncé la préfecture vendredi soir. Dans un communiqué, la préfecture rappelle que le Costa Deliziosa, battant pavillon italien, devait initialement terminer son périple à Venise. Les passagers devraient débarquer en Italie, « Gênes ou Savone », a fait savoir la compagnie.

Depuis le 15 mars, la préfecture a déjà autorisé des dérogations pour l’accostage au grand port maritime de Marseille de six navires de croisière, « ayant permis le rapatriement de plus de 2 200 passagers français et européens », a fait savoir la préfecture des Bouches-du-Rhône.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  « L’état d’urgence sanitaire ne justifie pas une telle disproportion dans l’atteinte aux droits »

  • Les kinésithérapeutes autorisés à pratiquer à distance

Les kinésithérapeutes peuvent exercer leurs soins à distance par vidéotransmission sous certaines conditions, selon un arrêté publié samedi 18 avril au Journal officiel, qui complète celui du 23 mars mettant en place des mesures d’organisation du système de santé face à l’épidémie de Covid-19.

Ces actes sont conditionnés à la réalisation préalable, en présence du patient, d’un premier soin par le masseur-kinésithérapeute, précise l’arrêté. Pour les mineurs, la présence d’un des parents majeurs ou d’un majeur autorisé est nécessaire. Et pour les patients présentant une perte d’autonomie, la présence d’un aidant est requise.

  • A Mulhouse, l’hôpital de campagne des armées commence à être démonté

L’hôpital de campagne des armées installé sur un parking de l’hôpital civil de Mulhouse pour l’aider à faire face à l’afflux de patients souffrant du Covid-19 a commencé à être démonté vendredi, a fait savoir l’armée samedi. Cet hôpital de campagne, d’une capacité initiale de 30 lits, avait accueilli son premier patient le 24 mars, alors que les services de réanimation du groupe hospitalier régional de Mulhouse Sud Alsace (GHRMSA) étaient saturés.

SourceURL:https://www.lemonde.fr/planete/article/2020/04/18/coronavirus-la-france-ne-souhaite-pas-de-discrimination-des-personnes-agees-ou-fragiles-dans-le-deconfinement-progressif_6036982_3244.html

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