Chauvinisme d’État ou chauvinisme contre l’État ? Par Ely Ould Sneiba

Chauvinisme d’État ou chauvinisme contre l’État ? Par Ely Ould Sneiba

Ely Ould Sneiba
Ely Ould Sneiba

Un jour de 1958, s’est tenu à Aleg le Congrès fondateur de la République. Les pourparlers s’enlisent, les Négro-Mauritaniens, à l’unisson, font le forcing afin d’imposer l’adoption du français comme seule langue de l’État. Faisant face à l’impasse, Ahmed Ould Kerkoub, grand notable de l’Adrar, prend la parole et vient à la rescousse du dernier intervenant, un autre notable de la vallée, porte-parole du camp adverse.

Le prince Kerkoub, d’une voix autoritaire et solidaire, tape du poing (plutôt de son fusil qui ne le quitte jamais) sur la table et dit: ‘’auguste assemblée, faites ce que Samba vous demande, nous, nous n’accepterons jamais d’être séparés de nos Noirs’’.  Adjugé ! La langue française a pris le déçu.

Il faut dire aussi qu’à l’époque, la Chappe de plomb coloniale enfilait toujours l’élite dirigeante. Autre temps, autre réalisme.

L’État mauritanien souverain a aujourd’hui l’arabe comme langue officielle exclusive, votée par referendum presque exclusivement par une majorité arabophone de plus de 80% de la population nationale. Ainsi, la Mauritanie a fait comme la France, le Mali, le Sénégal, etc. Où c’est le principe de l’unicité linguistique officielle.

Peu importe, les cadres ressortissants de la vallée, des FLAM, de la Coalition Vivre Ensemble, de l’UFP et bien d’autres sont encore dans les nuages d’Aleg de 1958 et refusent que l’arabe leur soit imposé. Ils arguent qu’une langue ne s’impose pas.

Qui l’a dit ?

 Et le français, langue officielle exclusive des anciens pays de l’AOF, n’était-il pas imposé ? Il l’est évidemment par la force des lois fondamentales de ces États ; tout comme il l’est en France depuis l’ordonnance Villers-Cotterêts de 1539, alors qu’à l’hexagone, il existe d’autres langues nationales bien anciennes et toujours parlées par des pans de la population française.

En conséquence, toute attitude de refus, assumé, d’utiliser sur le sol national mauritanien, la langue de l’État, est un acte de chauvinisme notoire que la diversité ethnique et culturelle ne saurait justifier.

Question : en adoptant le français comme langue de communication, d’enseignement et de travail, est-ce que les Poulo-Toucouleurs ne sont plus des Pulaars, sont assimilés par les Français et ne sont plus eux-mêmes ?

Chauvinisme, quand tu nous tiens !

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