Malentendu d’un jour, malentendu pour toujours Par Ely OULD SNEIBA

Malentendu d’un jour, malentendu pour toujours ?  Par  Ely OULD SNEIBA

Avant la mauvaise gouvernance génératrice d’injustice sociale, la contestation négro-communautariste étais déjà bien là alors que la gestion étatique n’avait pas encore fait des dégâts.  

C’est exact. Les premières frictions interraciales qui avaient gâché l’euphorie de la première décennie des retrouvailles, n’étaient pas liées à la redistribution des richesses nationales ou à la distribution des postes administratifs, la pierre d’achoppement était identitaire, elle l’est encore et le restera toujours, sauf attendre un miracle des ethnicistes poulo-toucouleurs, meneurs des communautaristes noirs.

En réalité, les Mauritaniens étaient partis, plutôt mal partis, sur un malentendu.

Pour les pères fondateurs arabo-mauritaniens, tous les pays du monde étaient pluriethniques et voulaient faire de même et s’arrimer les populations noires de la vallée pour s’étoffer dans le cadre d’un État unitaire républicain. Erreur d’appréciation monumentale. Les Négro-Mauritaniens, eux, ne l’entendaient pas de cette oreille, ils voulaient deux pays en un : les Noirs d’un côté et les Blancs de l’autre, se partageant le pouvoir et les richesses de façon équitable, en plus du choix obligatoire du français comme langue officielle exclusive tel que dit  dans le projet de constitution qu’ils avaient proposé en 1962 au président Moktar qui lui donna une fin de non-recevoir :

– Préambule –

Confiant dans toute la patience de Dieu, le peuple mauritanien réparti entre deux provinces habitées par des ethnies maures et noires tous musulmans, proclame sa volonté de s’unir pour sauvegarder l’intégrité de son territoire et de faire respecter les garanties intangibles :

– des libertés politiques ;

– des libertés syndicales ;

– des droits et libertés de la personne humaine, de la famille et des collectivités locales ;

– des libertés philosophiques et religieuses ;

– du droit de propriété individuelle et collective ;

– des droits économiques et sociaux ;

– des droits des provinces fédérées.

Le peuple mauritanien proclame solennellement son Indépendance et son attachement aux droits fondamentaux tels qu’ils sont définis dans la déclaration des droits de l’homme et de citoyen de 1789 et dans la déclaration Universelle du 10 décembre 1848 (sic : il faut lire 1948)

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Titre premier

Article 1er – La République Islamique de Mauritanie est un Etat fédéral, républicain, démocratique et social, composé de deux Provinces définies par leurs structures ethniques et géographiques :

– La Province du Sud comprenant :

La subdivision de ROSSO, la subdivision de BOGHE, le cercle du GORGOL, la subdivision de M’BOUT, la subdivision de KANKOSSA et le cercle du GUIDIMAKA.

– la province du Nord comprenant :

Les cercles de la Baie du LEVRIER, de l’ADRAR, du TIRIS-ZEMMOUR, de l’INCHIRI, les subdivisions de NOUAKCHOTT BOUTILIMIT, MEDERDRA, ALEG, le cercle du TAGANT, la subdivision de KIFFA et les cercles des HODH Occidental et Oriental.

Article 2 : Ces deux Provinces, dans une coexistence librement consentie, mettent en commun leurs ressources et leurs efforts pour former l’Etat fédéral de la République Islamique de Mauritanie

Article 4 : Les langues Nationales sont les dialectes locaux Hassaniya, Poular, Soninke, Oualoff, et Bambara, la langue officielle est le Français.

Article – Les institutions de l’Etat Fédéral sont :

– le Président de la République,

– le Vice-Président de la République,

– l’Assemblée Nationale,

– l’autorité judiciaire.

Suivant cette logique, que gagneraient les Arabo-Mauritaniens à faire un État avec les Négro-Mauritaniens?

 Les Maures, qu’on qualifie de racistes, avaient leur territoire bien vaste, riche et diversifié, et avaient une langue et une culture arabes millénaires que le passage superficiel et furtif du colonisateur français n’avait pas pu ébranler. Et voilà qu’on exige d’eux de mettre leur arabité en sourdine et d’abandonner leur langue et une partie de leur territoire traditionnel.

Et aujourd’hui, comment ça marche ?

Les gens de la vallée font savoir que leurs terres sont intouchables, leurs cadres exigent des quotas raciaux et ethniques millimétrés et, comme toujours, ils imposent l’usage du français partout dans la vie publique.

C’est dommage ! Avons nous, sans le savoir, réédité l’histoire du monsieur qui invita son voisin, prétendument moins doué que lui, à cultiver ensemble un champ de blé. Le prétentieux avait comme idée malicieuse, une fois la récolte faite, de berner son associé en le confondant au calcul. Erreur ! Le jour de la moisson, le voisin proposa à son ami, pour plus d’équité, de couper chaque grain de blé en deux…

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