Azougui : À la redécouverte de la capitale des Almoravides
Azougui : À la redécouverte de la capitale des Almoravides
Ce samedi, au cœur de la commune d’Ain Ahl Taya, dans la moughataa d’Atar, le ministre de la Culture, des Arts, de la Communication et des Relations avec le Parlement, M. Housseine Ould Medou, accompagné du wali de l’Adrar, M. Abdallah Ould Mohamed Mahmoud, a donné le coup d’envoi officiel des fouilles archéologiques sur le site historique d’Azougui. Ce projet ambitieux marque une étape décisive pour la Mauritanie, résolument tournée vers la valorisation de son patrimoine.
Un projet au carrefour de l’histoire et de la science
Supervisée par l’Institut mauritanien de recherche et de formation sur le patrimoine et la culture, en collaboration avec l’Université de Nouakchott et le Centre national français de la recherche scientifique (CNRS), cette initiative vise à exhumer les trésors enfouis de la ville d’Azougui, ancienne capitale de l’État almoravide, connue pour son rayonnement culturel, scientifique et mystique.
Dans son discours inaugural, le ministre a mis en lumière la vision portée par Son Excellence le Président de la République, M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, pour dynamiser le secteur culturel. « Ces fouilles traduisent une réconciliation avec notre histoire. Elles ne se limiteront pas à Azougui, mais s’étendront à d’autres sites emblématiques tels que Koumbi Saleh et Maksem Boubakar Ben Amer », a-t-il affirmé.
Une ambition durable pour le patrimoine
Le ministre a également souligné la dimension durable de cette démarche, qui s’inscrit dans un partenariat pérenne de huit ans. « Ce chantier n’est pas seulement une exploration archéologique, mais un véritable laboratoire d’apprentissage », a-t-il déclaré, saluant au passage l’ouverture d’un Master en archéologie à l’Université de Nouakchott.
Mme Chloride Capelle, représentante du CNRS, a exprimé sa fierté de participer à ce projet, mené par une équipe d’experts de diverses nationalités. « Ensemble, nous œuvrons à révéler les secrets d’une civilisation qui a marqué l’histoire du Sahara et au-delà », a-t-elle confié.
Azougui : un témoin du passé glorieux
Les intervenants ont rappelé la richesse historique d’Azougui, décrite par des chroniqueurs tels qu’Ibn Khaldoun et Al-Bakri. Ville prospère au XIe siècle, elle était célèbre pour ses 20 000 palmiers, ses écoles de sciences et son rôle central dans l’État almoravide. Classée patrimoine islamique par l’Organisation islamique mondiale pour l’éducation, la culture et les sciences (ISESCO), Azougui recèle des trésors archéologiques tels que des poteries, des ustensiles et des dinars almoravides, premiers témoins monétaires de la région.
Un renouveau pour la culture et l’identité nationale
Cette opération s’inscrit dans une dynamique plus large qui, ces dernières années, a vu la Mauritanie obtenir plusieurs reconnaissances internationales, notamment le classement de la mahadra mauritanienne et de l’épopée Samba Gueladio comme patrimoine humain par l’UNESCO.
Le maire d’Ain Ahl Taya, M. Mohamed Ould Chenoun, a salué cette initiative, appelant à la création d’une institution culturelle locale pour mettre en valeur l’histoire de la région. « Azougui doit redevenir ce phare de savoir et de justice qu’elle a été durant son âge d’or », a-t-il déclaré.
Vers une nouvelle ère de recherche scientifique
Ces fouilles, soutenues par des institutions nationales et internationales, marquent une rupture avec des décennies d’interruption. Elles annoncent une renaissance de l’archéologie en Mauritanie, tout en renforçant le lien entre recherche académique et préservation du patrimoine.
Azougui renaît ainsi, non seulement comme un site archéologique, mais comme un symbole de l’identité culturelle mauritanienne et un vecteur de rayonnement international. Une histoire à suivre, au carrefour du passé et de l’avenir.
Y. N pour Rapide info