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Amkala-Bir Moghrein : Un nouveau passage, un équilibre fragile

Amkala-Bir Moghrein : Un nouveau passage, un équilibre fragile.

L’ouverture, qui à mon avis est fausse puisque sans trace de communiqué , d’un nouveau poste-frontière terrestre entre le Maroc et la Mauritanie, reliant la commune d’Amkala, dans la province de Laâyoune, à Bir Moghrein en Mauritanie, s’impose si  elle est vraie comme une fresque géopolitique où s’entrelacent ambitions économiques et tensions latentes. Véritable pont tendu entre l’Atlantique et les confins du Sahel, ce corridor symbolise à la fois une percée stratégique et une onde de choc diplomatique.

Comme un fleuve qui brise un rempart, cette ouverture redessine les dynamiques régionales. Le Maroc tisse sa toile commerciale vers l’Afrique subsaharienne craignant la concurrence algérienne, tandis que la Mauritanie, prudente funambule sur le fil de la neutralité, cherche à consolider son rôle de carrefour économique sans attiser les flammes du conflit sahraoui. Le Sahel, vaste étendue en quête d’opportunités, trouve dans ce passage une fenêtre béante sur les océans du commerce mondial.

Mais à l’horizon, des nuages s’amoncellent. Le Front Polisario, sentinelle d’un recouvrement de la souveraineté sur l’ensemble des territoires sahraouis, perçoit cette ouverture comme une brèche dans ses aspirations. Avec la vigueur du vent du désert, il élève la voix et brandit la menace d’une escalade militaire, comme un dernier bastion contre une marée qui l’érode lentement. De son côté, l’Algérie, telle une ombre vigilante, observe et jauge, entre retenue diplomatique et nécessité de préserver son rôle de pivot stratégique en Afrique, notamment dans la région du Sahel.

Cependant, la Mauritanie, ancrée dans sa souveraineté, avance d’un pas mesuré mais résolu. Dans le ballet complexe des nations, elle choisit la danse de la coopération économique, tout en gardant un œil acéré sur l’équilibre fragile des forces en présence. Renforçant ses dispositifs sécuritaires, elle se prémunit contre toute velléité belliqueuse, affirmant ainsi que sa boussole demeure dirigée vers la stabilité.

L’échiquier stratégique se dessine alors en plusieurs scénarios :

1. Une tension latente, mais contenue : Comme une braise sous la cendre, le Front Polisario intensifie ses déclarations et pourrait multiplier des actions de harcèlement contre le Maroc ou la Mauritanie, sans franchir le seuil d’un conflit ouvert.

2. Un essor économique marginalisant les revendications du Polisario : L’attraction gravitationnelle du commerce et des investissements pourrait reléguer la question sahraouie à un arrière-plan politique, accélérant la mutation des intérêts régionaux vers la prospérité partagée.

3. Une nouvelle initiative diplomatique : L’ONU, en funambule du droit international, pourrait saisir cette ouverture comme un levier pour relancer les négociations, offrant à la Mauritanie un rôle d’intermédiaire habile.

4. Un embrasement militaire : Comme une tempête imprévisible, un acte de provocation du Polisario déterminé à poursuivre la lutte contre l’occupation marocaine jusqu’à l’indépendance pourrait précipiter une confrontation, entraînant l’Algérie et le Maroc dans une nouvelle spirale de tensions.

À l’aune de ces perspectives, la réalité semble s’orienter vers un statu quo sous haute surveillance. Le Maroc consolide patiemment son réseau d’influence. La Mauritanie, équilibriste sur la crête des intérêts divergents, avance avec la prudence du navigateur évitant les récifs. Quant au Polisario et à l’Algérie, ils ajustent leur posture, cherchant à contrer cette dynamique sans risquer une conflagration aux conséquences incertaines.

Ainsi, l’ouverture de ce poste-frontière est bien plus qu’un simple trait tracé sur une carte : elle est le reflet d’un jeu d’échecs où chaque coup, chaque alliance, chaque tension dessine les contours du futur équilibre régional.

Ahmed Ould Bettar

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