Accord bilatéral Mauritanie-Sénégal : vers une gestion migratoire intégrée
Découvrez l'accord bilatéral signé entre la Mauritanie et le Sénégal le 2 juin 2025, qui vise à institutionnaliser la gestion migratoire et à lutter contre la migration irrégulière, tout en respectant les droits des migrants.
Le 2 juin 2025, la Mauritanie et le Sénégal ont signé un accord bilatéral marquant un tournant dans la gestion migratoire en Afrique de l’Ouest. Cet accord s’inscrit dans une démarche d’intégration des dispositifs nationaux, visant à lutter efficacement contre la migration irrégulière et à renforcer la coopération entre les deux États.
L’accord bilatéral signé entre la Mauritanie et le Sénégal, en date du 2 juin 2025, s’inscrit dans une dynamique d’institutionnalisation mutuelle des dispositifs nationaux de gestion migratoire à travers une approche intégrée, juridiquement encadrée et diplomatiquement ajustable. Sa finalité première est de produire un effet de convergence normative en matière de lutte contre la migration irrégulière, la traite des personnes et le trafic de migrants, dans un contexte sous-régional marqué par la perméabilité structurelle des frontières et la fluidité des mobilités humaines à la fois contraintes et opportunistes. Ce texte opère une translation du paradigme classique de la souveraineté exclusive vers une forme de souveraineté partagée fonctionnelle, en articulant contrôle, coopération et protection autour de dispositifs techniques à haute densité procédurale. Il institue à cet effet un Comité mixte, à composition interministérielle, chargé d’assurer la coordination stratégique, la planification opérationnelle et l’évaluation des actions conjointes, avec une déclinaison infra-étatique par la mise en réseau des acteurs frontaliers dans des espaces de concertation territorialisés. Le dispositif prévoit également des mécanismes de réadmission mutuelle, d’extradition simplifiée, de patrouilles conjointes et d’échanges d’informations à finalité sécuritaire, tout en maintenant un standard minimal de respect des droits fondamentaux des migrants, y compris en situation irrégulière. L’innovation réside moins dans les instruments mobilisés que dans leur agencement systémique, qui permet à deux États souverains d’optimiser leur capacité de contrôle sans céder sur le principe de non-ingérence, tout en renforçant leur attractivité dans le cadre des dispositifs d’externalisation des frontières de l’Union européenne. Cet accord matérialise ainsi une diplomatie migratoire de co-gouvernance différenciée, dans laquelle la frontière devient un objet d’ingénierie bilatérale, à la fois outil de stabilisation, levier de négociation internationale et interface de modernisation institutionnelle.
Mohamed Ould Echriv Echriv