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Sommet du Caire sur la Palestine: Le piège déjoué par l’Algérie

Sommet du Caire sur la Palestine: Le piège déjoué par l’Algérie
Par Mahmoud Benmostefa
Publié le 21 octo. 2023 à 13:18

L’histoire retiendra que la rencontre du Caire sur la Palestine annoncée pour ce samedi 21 octobre était une montagne qui a accouché d’une souris. La guerre que livre depuis le 07 octobre dernier, l’entité sioniste au peuple palestinien dans la bande de Ghaza, avec sa barbarie, ses exactions et ses crimes de guerre, est soutenue de manière « inconditionnelle » par au moins cinq des pays conviés à ce sommet.

Dans cette atmosphère la rencontre ne pouvait aboutir à une quelconque solution juste, équitable et durable pour les Palestiniens. C’est pourquoi l’Algérie, qui soutient tout aussi inconditionnellement la lutte du peuple palestinien pour le recouvrement de sa souveraineté, ne pouvait s’associer à une telle entreprise.

Plus de 4.000 martyrs et quelques 12.000 blessés dans la bande de Ghaza, un bilan effroyable que les capitales occidentales justifient par la pseudo-justesse de la riposte israélienne après l’opération de la résistance palestinienne qualifiée en chœur par Tel Aviv et ses alliés occidentaux de mouvement « terroriste ».

C’est dans ce contexte que ces mêmes pays alliés de la machine de guerre israélienne ont décidé de se rencontrer avec quelques pays arabes pour discuter de l’avenir de la question palestinienne. Aucun préalable à la participation des Arabes, pas même un soupçon de menace ou de haussement de ton envers les sponsors attitrés de Netanyahu et consœurs.

L’Algérie qui a reçu l’invitation de participer à ce « sommet pour la paix » a remercié le président égyptien Abdelfattah Al-Sissi pour son invitation et lui a fait part de sa décision de ne pas y assister.

Selon une source du Jeune Indépendant, la décision du président Abdelmadjid Tebboune a été prise « compte tenu de la situation humanitaire particulièrement critique dans la bande de Ghaza, déjà soumise à un blocus israélien et des attaques et agressions criminelles subies par nos frères et sœurs palestiniens dans une totale impunité ».

Quelles sont donc les véritables motivations du refus d’Alger de participer au sommet du Caire ? La doctrine diplomatique de l’Algérie est on ne peut plus claire concernant la question palestinienne. Un pays qui s’est déclaré depuis son indépendance avec la Palestine ne pouvait s’associer à des pays qui ont déclaré leur soutien inconditionnel et indéfectible à l’entité sioniste dans son entreprise génocidaire dans la bande de Ghaza.

Ça serait une dérobade non seulement aux principes de sa diplomatie mais également à sa position lors de la réunion des ministres arabes des Affaires étrangères lorsque l’Algérie s’est démarquée par rapport à la déclaration finale qui condamne la violence contre les civils « de tous bords ».

Américains et Européens n’ont-ils pas affirmé que Tel Aviv avait le droit de « riposter » sans aucunes limites ? Ces derniers ne se taisent pas par rapport au meurtre quotidien de milliers de Palestiniens, majoritairement des femmes et des enfants, au nom du droit d’Israël à se « défendre » ? Washington et les capitales européennes ne se sont-elles pas alignés sur Tel Aviv pour condamner le mouvement de la résistance palestinienne Hamas en le qualifiant de « terroriste » et cautionner ainsi la décision israélienne de liquider, quel que soit le prix, la résistance palestinienne ?

Un enjeu stratégique
De plus, l’Algérie n’entend pas endosser des décisions prises et imposées par les puissances occidentales alignées sur Tel Aviv ainsi que d’autres pays arabes ayant normalisés (Egypte, Jordanie, Emirats arabes unis) ou en voie de normalisation à l’instar de l’Arabie Saoudite. La participation algérienne à ce « sommet pour la paix » serait interprétée comme étant une caution algérienne à cette entreprise de condamnation à mort de la résistance palestinienne. C’est le piège auquel a été convié l’Algérie et qu’elle a su déjouer.

Le socle doctrinal de la diplomatie algérienne est gravé dans le marbre de l’histoire politique de l’Algérie : pas de marchandage avec la question palestinienne. Cela d’autant que l’Algérie officielle ne peut aller à l’encontre de l’Algérie populaire dans son soutien au peuple palestinien.

Il y a quasiment un an jour pour jour, l’Algérie a abrité le sommet de la réconciliation entre toutes les factions palestiniennes. Pour la première fois dans l’histoire palestinienne, un pays arabe œuvre d’une manière désintéressée pour mettre fin aux divisions palestiniennes. La déclaration d’Alger est unique du fait qu’elle rassemble toutes les factions y compris le Fatah le Hamas, le Djihad islamique, le FPLP. Le leader du Hamas, Ismaïl Haniyeh, ainsi que le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas étaient à Alger pour célébrer le 60ème anniversaire du recouvrement de la souveraineté nationale, le 05 juillet 2022, et pour signer la déclaration d’Alger en octobre de la même année.

L’enjeu stratégique actuel est simple : si l’Algérie a participé au sommet du Caire, cela signifie qu’elle tourne le dos à ses principes et trahis la résistance. Ce qui ne risque pas d’arriver. Dernier argument qui plaide pour l’absence du président Tebboune à ce sommet c’est le refus de l’Algérie de cautionner un agenda de politique intérieure de l’Egypte d’Al-Sissi qui a dit comprendre les motivations israéliennes.

En effet, le Caire considère le Hamas comme la branche palestinienne des Frère musulmans décapités en Egypte depuis 2013. L’Egypte avait tout de suite lancé le blocus contre la bande de Ghaza, inondant les tunnels qui liaient ce territoire au Sinaï. La posture stratégique égyptienne d’aujourd’hui est de laisser suffisamment le temps à l’offensive terrestre prévue par les généraux israéliens afin que l’entité sioniste puisse solder son compte au Hamas, ainsi d’une pierre, deux coups.

Pour toutes ces raisons, l’Algérie a décidé de se tenir à l’écart de ces manœuvres dangereuses visant à liquider la question palestinienne, sans qu’il y ait au moins un arrêt net de la barbarie sioniste à l’encontre de cette enclave et que toutes les conditions d’un règlement juste et définitif de la question palestinienne dans le respect des résolutions onusiennes et de l’initiative de paix arabe de 2002, soient réunies.

Source: jeune-independant.net

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