Le Sahel et le nouveau partage de l’Afrique
Le Sahel et le nouveau partage de l’Afrique
La guerre en Ukraine a accéléré l’émergence de nouveaux blocs géo-économiques et géostratégiques et avec eux un nouvel ordre mondial s’ouvre. En effet, l’émergence des nouveaux blocs économiques et les chevauchements qui naissent entre eux du fait des intérêts spécifiques de chaque pays, génèrent de nouvelles rivalités entre les puissances pour la domination mondiale. Les États-Unis et la France avec leurs alliés de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en particulier le Nigéria, principale puissance africaine, affrontent les intérêts de la Chine et de la Russie dans cette région et au Sahel. L’une de ces rivalités qui se cache derrière les tensions politiques qui ont engendré les coups d’État au Niger, au Mali, au Burkina Faso et en Guinée-Bissau, concerne la construction du gazoduc transsaharien entre le Nigeria, le Niger et l’Algérie, qui ont une longueur de 4 188 km, dont 1 037 en territoire nigérian, 841 au Niger et 2 310 en Algérie. Gazoduc qui fournira du gaz aux pays du Sahel et de l’Algérie aux marchés européens.
Ces coups d’État contre les gouvernements alliés des États-Unis et de la France sont la synthèse des nouvelles expressions de rejet contre leurs modèles colonialistes, surtout le modèle français qui, dans ses anciennes colonies africaines, continue de dominer les systèmes monétaires et les contraint d’avoir les revers dans les banques françaises et avec des restrictions pour en disposer.
Le Sahel est l’une des régions les plus riches, les plus stratégiques et les plus conflictuelles d’Afrique ; mais en même temps, l’un des plus décimés par la sécheresse, la faim et avec l’un des taux de pauvreté les plus élevés au monde. Bande qui couvre une superficie de plus de trois millions de kilomètres carrés de savanes arides et de steppes écrasantes et s’étend de l’océan Atlantique à l’océan Indien, et comprend les territoires de 12 pays : Mali, Mauritanie, Sénégal, Gambie, Burkina Faso, Niger , Nigéria, Tchad, Soudan, Éthiopie, Érythrée et Somalie. Territoire qui au cours des dernières décennies est devenu l’un des sanctuaires les plus importants d’Al-Qaïda en Afrique.
En plus d’être l’une des régions les plus conflictuelles d’Afrique en raison de son importance en tant que carrefour entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, entre le golfe de Guinée et le nord du continent, entre la Méditerranée et l’Afrique subsaharienne, entre l’Atlantique et l’Indien. De même, en raison de l’énorme richesse minérale et énergétique.
Elle sert aussi de charnière entre l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique de l’Est et, bien sûr, de transcendance au sein des pays qui composent l’arc de l’islam qui va de la Somalie à l’Indonésie. Ainsi, le Sahel est un sanctuaire pour les groupes islamiques fondamentalistes qui cherchent à contrôler les routes commerciales et les richesses minières dans cette partie de l’Afrique. Une intervention militaire au Niger par les pays membres de la CEDEAO, menés par le Nigeria, pourrait déclencher une spirale de violence par des groupes fondamentalistes islamiques ayant des liens tribaux dans les deux pays, et aboutir à une grande déstabilisation du Nigeria et d’autres pays.
Le contrôle des richesses minérales de ces pays par les multinationales américaines et françaises sont les aspects les plus controversés que l’on tente de dissimuler derrière le rideau de la lutte contre le terrorisme. Dans une zone majoritairement musulmane et stratégique d’un point de vue économique, politique et militaire pour les groupes islamistes.
Pour la France, les conflits générés par le Mali et le Niger sont un problème de sécurité nationale en raison de l’importance de la richesse en uranium des deux pays pour son système énergétique, puisque plus de 60 % de l’uranium utilisé dans sa production d’électricité dépend de ces pays. Sa production énergétique dépend en grande partie de l’évolution des concessions d’uranium que la multinationale française Orano détient au Sahel.
Orano est le fleuron de l’économie française, un leader mondial de la production d’énergie nucléaire et un élément essentiel de sa politique étrangère. Un conglomérat présent dans 50 pays et avec des contrats d’un million de dollars pour la construction de nouvelles centrales nucléaires dans le monde.
Par José E. Mosquera
(elmundofinancier)