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Remaniement: qui est Élisabeth Borne, la seconde femme nommée à Matignon?

Ministre depuis 2017 et le tout début du premier quinquennat d’Emmanuel Macron, Élisabeth Borne vient d’être nommée Première ministre en remplacement de Jean Castex. Elle partage avec son prédécesseur un profil technique, en plus de maîtriser les sujets écologiques et sociaux recherchés par le président à elle ne devrait pas faire d’ombre à l’avenir.

Après des jours de suspense, c’est finalement Élisabeth Borne qui devient Première ministre après la démission de Jean Castex ce lundi. C’est la seconde fois qu’une femme accède à ce poste depuis Édith Cresson en mai 1991. L’ancienne cheffe de gouvernement de François Mitterrand lui a d’ailleurs souhaité, par anticipation, « beaucoup de courage » dimanche.

La désormais ex-ministre du Travail, âgée de 61 ans, faisait partie des noms qui circulaient, depuis la réélection d’Emmanuel Macron, pour arriver à Matignon. Il faut dire qu’elle coche toutes les cases citées par le chef de l’État qui expliquait, au lendemain de sa réélection, chercher un visage « attaché à la question sociale, à la question environnementale et à la question productive ».

Matignon et SNCF

Diplômée de l’Ecole Polytechnique et des Ponts et Chaussées, cette Parisienne de naissance, pupille de la Nation, se dirige dès le début de sa carrière vers le ministère de l’Équipement avant de rejoindre le cabinet de Lionel Jospin à l’Éducation nationale puis celui de Jack Lang. Nommé à Matignon en 1997 lors de la dernière cohabitation, le Premier ministre socialiste de l’époque pense à elle pour devenir sa conseillère technique chargée des transports.

Un beau tremplin, qui lui permettra d’être nommée ensuite à la direction de la stratégie de la SNCF avant de rejoindre quelques années plus tard le groupe de construction Eiffage.

La haute-fonctionnaire veille pendant cette période à entretenir ses réseaux socialistes pendant le second quinquennat de Jacques Chirac et le mandat de Nicolas Sarkozy. De 2008 à 2013, Élisabeth Borne est ainsi en poste à la Mairie de Paris, comme directrice générale de l’urbanisme, alors dirigée par Bertrand Delanoë.

Rencontre avec Alexis Kohler

Après l’élection de François Hollande, elle devient préfète de la Région Poitou-Charentes et de la Vienne. En 2014, cette fan de course à pied est finalement nommée directrice de cabinet de Ségolène Royal, qui dirige alors le ministère de l’Écologie.

Élisabeth Borne travaille alors main dans la main avec un certain Alexis Kohler, directeur de cabinet d’Emmanuel Macron à Bercy, sur le sujet des autoroutes. En 2015, elle est nommée à la tête de la RATP. Alexis Kohler qui est devenu secrétaire général de l’Elysée depuis mai 2017 glisse alors son nom à l’oreille du tout nouveau président.

De quoi lui permettre de rejoindre le gouvernement d’Édouard Philippe en tant que ministre chargée des Transports, sous l’autorité du ministre de l’Écologie de l’époque, Nicolas Hulot.

Après le départ fracassant de l’ancienne star télévisée, elle ambitionne de le remplacer. Mais c’est finalement François de Rugy qui est nommé, avant d’être contraint à la démission après « l’affaire des homards ». Son tour est alors venu.

Mais Élisabeth Borne connaît aussi ses propres zones de turbulence. Alors qu’elle a réussi à porter une très épineuse réforme de la SNCF, entre ouverture à la concurrence et la fin du recrutement sous le statut d’agent des nouveaux salariés, elle est pointée du doigt fin 2019.

Des turbulences en tant que ministre des Transports

En pleine grève de la SNCF contre la réforme des retraites, au moment où le gouvernement sort la tête de l’eau après la crise des gilets jaunes, Le Parisien révèle qu’elle passe ses vacances à Marrakech, au Maroc. Si ces congés sont remarqués, c’est qu’elle est chargée des discussions avec les syndicats ferroviaires et qu’Emmanuel Macron a appelé ses ministres à se mobiliser sur le terrain pendant les fêtes.

Face à la polémique, d’autant plus forte que des milliers de Français peinent à rejoindre leur famille pour Noël par le train, son cabinet tente d’éteindre le feu.

    « L’important est qu’elle est totalement joignable et mobilisable, en lien permanent avec son cabinet et ses secrétaires d’État, et qu’elle peut être de retour à Paris en quelques heures », assure ainsi son entourage.

Confiance d’Emmanuel Macron

L’affaire ne laissera pas de trace. Élisabeth Borne est même nommée quelques mois plus tard ministre du Travail. La loi pour l’orientation des mobilités qui vise à incarner « l’écologie du quotidien » a été un succès aux yeux d’Emmanuel Macron et le président ne compte pas se séparer de cette très bonne technicienne.

Rue de Grenelle, elle planche notamment sur le durcissement des règles de l’assurance chômage et confirme sa réputation de travailleuse au fait des arcanes ministérielles. Un bon profil, de fait, en vue de la future réforme des retraites, promise par le pouvoir.

En choisissant la sexagénaire, Emmanuel Macron fait donc le choix d’un profil qui ne devrait pas lui faire d’ombre, tout comme cela a pu être le cas de Jean Castex pendant ses 20 mois passés à Matignon.

Il ne reste plus qu’à Élisabeth Borne de gagner aux législatives dans le Calvados, pour sa toute première élection au suffrage universel.

Marie-Pierre Bourgeois

Source : bfmtv

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