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Nouakchott : la Pharmacie Dakar débordée face à une flambée de fièvres inexpliquées

À Nouakchott, la Pharmacie Dakar fait face à un afflux de patients souffrant de fièvres similaires, entre suspicion de dengue et recrudescence du paludisme. Les autorités sanitaires appelées à réagir d’urgence.

Entre suspicion de fièvres, dengue et retour du paludisme, le quartier du PK7 sous tension sanitaire

À Nouakchott, la chaleur suffocante du mois d’octobre semble
transporter plus qu’un simple vent de saison. Dans le quartier Riad,
communément appelé PK7, la Pharmacie Dakar – habituellement paisible –
vit depuis plusieurs jours au rythme d’une affluence inhabituelle. Des
dizaines de patients, jeunes et moins jeunes, se pressent chaque jour,
tous décrivant les mêmes symptômes : fièvre intense, douleurs
articulaires, fatigue généralisée, perte d’appétit, parfois
accompagnées de nausées.

Sur les bancs, les visages sont fatigués, les regards inquiets. «
Depuis trois jours, je ne dors presque plus, ma température monte
chaque soir », confie Mariem, 34 ans, qui attend une perfusion. À côté
d’elle, un père tient son enfant endormi sur les genoux : « Nous
sommes venus ici parce que tous les voisins tombent malades. »

Une situation sanitaire préoccupante

Les pharmaciens et infirmiers de la zone décrivent un scénario qui se
répète sans relâche : des files d’attente interminables, des stocks de
paracétamol qui s’épuisent, et un personnel épuisé face à la demande
croissante.
Les traitements administrés se ressemblent : perfusions, paracétamol,
vitamine C et hydratation. « Nous faisons de notre mieux, mais nous ne
sommes pas préparés à gérer un afflux pareil », explique un pharmacien
sous couvert d’anonymat.

Face à la similitude des symptômes, plusieurs observateurs et agents
de santé soupçonnent des cas de fièvre de dengue ou de paludisme, deux
maladies transmises par les moustiques, particulièrement actives après
les pluies. Les autorités sanitaires n’ont pour l’heure publié aucune
communication officielle, mais l’inquiétude grandit à mesure que les
cas se multiplient dans la capitale.

Les causes : entre insalubrité et prolifération des moustiques

Le quartier Riad, comme beaucoup d’autres zones périphériques de
Nouakchott, souffre d’un problème chronique d’insalubrité. Les eaux
stagnantes, les tas d’ordures et les zones non drainées offrent un
terrain fertile à la prolifération des moustiques.
« Après chaque pluie, on voit les larves apparaître dans les flaques
et autour des habitations. Rien n’est fait pour les éliminer »,
déplore un habitant du PK7.

Les experts en santé publique rappellent que les conditions actuelles
sont propices à une résurgence du paludisme ou à une circulation du
virus de la dengue, déjà signalé à plusieurs reprises dans la
sous-région ouest-africaine.

Appel à l’action : des mesures d’urgence nécessaires

Dans un contexte où les infrastructures sanitaires restent fragiles,
la prévention devient une priorité absolue. Les professionnels de
santé appellent le ministère de la Santé à réagir rapidement :

Campagnes de démoustication et de nettoyage des zones à risque ;

Distribution de moustiquaires imprégnées et de répulsifs ;

Sensibilisation de la population sur les gestes préventifs et
l’importance du diagnostic précoce.

Les habitants, eux, tentent tant bien que mal de se protéger : brûler
de l’encens, dormir sous des moustiquaires, couvrir les réservoirs
d’eau. Mais sans intervention structurée, ces gestes restent
dérisoires face à une possible épidémie urbaine.

Vers une enquête épidémiologique ?

Selon plusieurs sources médicales, une équipe d’inspection sanitaire
pourrait être dépêchée sur les lieux dans les prochains jours pour
identifier la nature exacte de la fièvre. Une telle enquête
permettrait de confirmer la présence ou non du virus de la dengue, ou
de détecter un pic saisonnier de paludisme.

En attendant, les habitants du PK7 continuent de se tourner vers la
Pharmacie Dakar, devenue malgré elle le centre nerveux de cette crise
sanitaire silencieuse. « Ce qu’on veut, c’est comprendre ce qui se
passe et recevoir les soins adaptés », résume un patient, avant de
disparaître dans la foule.

En filigrane : la fragilité du système de santé urbain

Au-delà du cas du PK7, cet épisode met en lumière la vulnérabilité du
système de santé mauritanien face aux flambées épidémiques locales. Il
souligne aussi la nécessité d’une meilleure coordination entre les
pharmacies de quartier, les hôpitaux et les autorités publiques.

La fièvre qui s’abat sur Nouakchott n’est peut-être qu’un symptôme
parmi d’autres – celui d’un système qui peine encore à anticiper et à
prévenir.

Yahya Niane pour Rapide info

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