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Mauritanie : Biram Ould Dah Ould Abeid explique son boycott du dialogue national

Le député Biram Ould Dah Ould Abeid justifie son refus de participer au dialogue politique lancé par le président Ghazouani, qu’il juge orienté vers la légitimation d’un troisième mandat. Retour sur ses déclarations.

Biram Ould Dah Ould Abeid explique son boycott du dialogue national.
Le député Biram Ould Dah Ould Abeid a annoncé son refus de participer au dialogue national initié par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Lors d’une conférence de presse à Nouakchott, il a expliqué sa décision, invoquant un manque de clarté sur les objectifs de l’initiative et des doutes sur son impartialité. Cette prise de position s’inscrit dans un climat de méfiance croissante alimenté par les spéculations autour d’une possible révision constitutionnelle ouvrant la voie à un troisième mandat.
Par Ahmed Ould Bettar – Rapide Info

Nouakchott, 20 septembre 2025 – Le député et opposant Biram Ould Dah Ould Abeid a annoncé, vendredi 19 septembre, son refus de participer au dialogue national initié par le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. Lors d’une conférence de presse tenue à Nouakchott, il a exposé les raisons de cette décision, qu’il lie à ce qu’il perçoit comme une volonté du pouvoir en place de préparer un troisième mandat présidentiel.

Un dialogue contesté

Selon Biram Ould Dah Ould Abeid, l’appel au dialogue lancé par le président Ghazouani vise essentiellement à légitimer une éventuelle prolongation de son mandat au-delà de la limite constitutionnelle actuelle. Il estime que le cadre de concertation mis en place exclut les principales forces critiques du régime, et qu’une partie de l’opposition aurait déjà donné son accord tacite à un troisième mandat, rendant selon lui le processus biaisé.

« Le président cherche à exclure les véritables opposants du dialogue, après avoir obtenu le feu vert de certaines composantes de l’opposition », a-t-il déclaré.

Le député affirme que cette situation a motivé son choix de ne pas participer :

« C’est pourquoi j’ai refusé d’entrer dans le dialogue. »

Manque de clarté sur les objectifs

Biram met également en cause le manque de transparence autour de l’initiative présidentielle. Il estime que les autorités n’ont pas clairement défini les objectifs du dialogue ni ses modalités, ce qui, selon lui, contribue à semer le doute sur ses intentions réelles.

« Si le dialogue avait des objectifs clairs, le président et ses collaborateurs les auraient rendus publics », a-t-il ajouté.

Mise en garde contre une dérive autoritaire

Dans ses propos, le député a exprimé des inquiétudes quant à l’éventualité d’une crise politique si la question du troisième mandat venait à être poursuivie sans consensus. Il a évoqué le risque d’une escalade des tensions si le débat institutionnel n’est pas mené de manière ouverte et inclusive.

« Le troisième mandat ne pourrait se concrétiser, selon moi, que dans un contexte de répression : avec des opposants en prison et des violences dans plusieurs villes », a-t-il déclaré, sans apporter d’éléments précis pour étayer cette hypothèse.

Un débat encore en suspens

À ce jour, le président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani n’a pas confirmé publiquement son intention de briguer un troisième mandat. La Constitution mauritanienne limite le nombre de mandats présidentiels à deux, mais des précédents dans la région ont suscité des interrogations sur une possible révision de cette disposition.

Le processus de dialogue, dont les contours précis restent encore à clarifier, s’inscrit dans un contexte politique marqué par une polarisation croissante. Tandis que certains partis ont accepté de participer à la concertation, d’autres, à l’instar de Biram Ould Dah Ould Abeid, choisissent de se retirer, estimant que les conditions d’un débat transparent ne sont pas réunies.

Contexte :

Biram Ould Dah Ould Abeid, figure connue du militantisme pour les droits humains en Mauritanie, siège actuellement à l’Assemblée nationale. Il s’est plusieurs fois porté candidat à la présidentielle et figure parmi les principales voix critiques du pouvoir en place. Son positionnement sur le dialogue pourrait influencer d’autres acteurs de l’opposition dans les semaines à venir.

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