Crises régionales : le Président Ghazouani en route pour Doha pour un sommet arabo-islamique décisif

Sommet de Doha : Ghazouani en mission diplomatique dans un contexte régional brûlant

Nouakchott – Dans la nuit de samedi, l’aéroport international Oumtounsy a revêtu ses habits solennels. Sous le regard d’une haie d’honneur militaire et des principaux membres du gouvernement, Son Excellence Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, Président de la République, a pris l’avion pour Doha. Objectif : représenter la Mauritanie au Sommet arabo-islamique extraordinaire qui se tiendra lundi dans la capitale qatarie.

Accompagné d’une délégation de haut niveau, le Président a été salué à son départ par le Premier ministre El Moctar Ould Djay et plusieurs ministres clés, illustrant l’importance de cette mission pour Nouakchott. Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, l’ambassadeur de Mauritanie à Doha et plusieurs conseillers présidentiels font partie du voyage, signe que les enjeux de ce sommet dépassent la seule dimension protocolaire.

Un sommet sous le signe de la Palestine et des crises régionales

À Doha, les dirigeants arabes et musulmans devront se pencher sur l’une des crises les plus sensibles du moment : la situation en Palestine. Depuis plusieurs mois, la bande de Gaza vit sous le feu des bombardements et les appels internationaux à un cessez-le-feu peinent à aboutir.

Le Qatar, hôte de ce sommet, joue depuis des années un rôle de médiateur incontournable dans le dossier palestinien. Doha accueille sur son sol les dirigeants politiques du Hamas et sert d’intermédiaire dans les discussions avec Israël, souvent avec l’appui des États-Unis. Ce rôle de “facilitateur” confère à l’émirat une influence diplomatique disproportionnée par rapport à sa taille, lui permettant de se positionner comme un pivot des négociations régionales.

La Mauritanie, dont la diplomatie reste fidèle à la cause palestinienne, voit dans ce sommet l’occasion de réaffirmer sa solidarité tout en appelant à une solution durable fondée sur le droit international. Le Président Ghazouani, connu pour sa diplomatie discrète mais efficace, pourrait plaider pour une réponse collective équilibrée qui conjugue soutien politique, aide humanitaire et efforts de désescalade.

Doha, carrefour stratégique : un allié de choix pour Nouakchott

Au-delà de la question palestinienne, la tenue de ce sommet à Doha met en lumière le rôle du Qatar comme puissance régionale montante. Sa diplomatie se caractérise par un savant mélange de “soft power” – via Al Jazeera, ses investissements et ses initiatives humanitaires – et de capacité à maintenir un dialogue avec des acteurs aux intérêts parfois opposés, du Hamas aux États-Unis, en passant par les talibans et l’Iran.

Pour la Mauritanie, ce rapprochement avec Doha représente une opportunité. L’émirat est l’un des investisseurs les plus dynamiques du monde arabe et pourrait jouer un rôle clé dans le financement de projets structurants en Mauritanie, qu’il s’agisse d’infrastructures, d’éducation ou d’énergies renouvelables. Sur le plan sécuritaire, le Qatar peut également appuyer les efforts de Nouakchott dans la lutte contre le terrorisme au Sahel, en facilitant des coopérations régionales ou en finançant des programmes de stabilisation.

Un positionnement stratégique pour la Mauritanie

Dans un contexte où le monde arabe se redessine autour de nouvelles alliances – rapprochement irano-saoudien, normalisations avec Israël, tensions autour des guerres régionales – la Mauritanie cherche à consolider sa place. Son choix de participer activement à ce sommet démontre une volonté de rester un acteur engagé, capable de dialoguer avec tous les partenaires, sans s’enfermer dans un seul axe diplomatique.

En participant à ce rendez-vous à Doha, le Président Ghazouani envoie un message clair : la Mauritanie entend continuer de peser dans les débats sur la paix et la sécurité régionales, tout en explorant les opportunités économiques offertes par ses partenaires du Golfe.

En conclusion, le sommet de Doha n’est pas un simple événement protocolaire ; il s’inscrit dans une recomposition géopolitique plus large où les alliances se réajustent et où les crises régionales exigent des réponses collectives. Pour Nouakchott, c’est l’occasion d’affirmer un rôle diplomatique à la fois solidaire et pragmatique, fidèle à ses principes mais ouvert aux partenariats stratégiques qui peuvent renforcer sa stabilité et son développement.

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