Situation des hôpitaux en Mauritanie :
Un panorama alarmant.
La situation des hôpitaux en Mauritanie est effectivement critique et préoccupante. La réalité vécue par les populations se caractérise par de nombreux dysfonctionnements, un accès inégal aux soins et une pénurie chronique de personnels qualifiés, touchant particulièrement les plus vulnérables et les régions rurales.
Dysfonctionnements majeurs
Structures hospitalières en crise : La majorité des hôpitaux, y compris le Centre Hospitalier National (CHN) à Nouakchott, peinent à répondre aux besoins croissants de la population. Les carences sont flagrantes : insuffisance de médecins (2,36 pour 10,000 habitants contre une moyenne mondiale de 17), absence de matériel médical et rupture récurrente de médicaments essentiels.
Personnel en nombre insuffisant : Les désertifications médicales sont particulièrement marquées, rendant les hôpitaux pratiquement vides de personnels qualifiés, surtout dans les zones périphériques et rurales. Les files d’attente sont interminables, et la prise en charge des patients est souvent improvisée ou bâclée.
État des infrastructures : De nombreux établissements sont vétustes, mal entretenus, avec des équipements obsolètes. Les conditions d’accueil et d’hygiène sont loin des standards requis, amplifiant les risques d’infections et d’erreurs médicales.
Tragédies quotidiennes
Abandon et désengagement de l’État : Malgré l’émergence de réformes annoncées, le secteur souffre d’une gestion défaillante, du sous-financement, et d’une absence de suivi rigoureux des patients. Les populations défavorisées, sans moyens financiers, se retrouvent complètement abandonnées et sont exposées à une mortalité évitable au quotidien.
Inégalités et exclusion : La prise en charge médicale gratuite reste extrêmement restreinte (maladies chroniques, vaccination, urgences). Pour le reste, la majorité des soins sont payants, excluant ainsi les plus démunis du droit fondamental à la santé. Les femmes, les enfants et les personnes âgées paient le prix fort de ce manque de protection sociale.
Secteur psychiatrique et autres services
Hôpital psychiatrique : La situation du secteur psychiatrique ne fait pas exception : le manque de personnel, l’absence de ressources spécialisées et l’insalubrité font de ces lieux de soin des espaces de désespoir plutôt que de guérison. La prise en charge psychologique et psychiatrique reste quasi inexistante – un constat d’abandon semblable à l’hôpital général.
Perspectives et réactions
Malgré une mobilisation récente du gouvernement pour engager une réforme du système hospitalier, les actions restent largement insuffisantes au regard des défis structurels. L’instabilité ministérielle, les priorités changeantes et l’opacité administrative n’ont pas permis de restaurer la confiance des citoyens envers l’État soignant.
« La santé arrive en tête des préoccupations des Mauritaniens, qui appellent leur gouvernement à agir en priorité dans ce secteur. Par ceux qui ont fréquenté un établissement public de santé, la majorité évoquent la difficulté à obtenir l’attention médicale nécessaire, des coûts trop élevés et de longues files d’attente. »
Pour finir !
Face à cette catastrophe sanitaire, les populations mauritaniennes, et spécialement les plus pauvres, vivent une détresse quotidienne et semblent ne plus savoir à quelle institution se tourner. Les hôpitaux, loin d’être des lieux de guérison et d’espoir, sont devenus synonyme d’attente, d’angoisse et de deuil pour une partie déjà fragilisée du pays. L’urgence d’une réforme courageuse, effective et inclusive n’a jamais été aussi grande.
Abdoulaziz DEME
Le 13 Août 2025