Quand le pouvoir perd son sang-froid face à Biram Dah Abeid
Quand le pouvoir perd son sang-froid face à Biram Dah Abeid
Cheikh Sidati Hamadi
Expert Senior en Droits des CDWD, Chercheur Associé, Analyste, Essayiste
Le 12 juillet 2025
Il est des gestes qui, à eux seuls, dévoilent la vérité d’un régime. La démarche interpellative engagée par les autorités mauritaniennes auprès du Sénégal contre Biram Dah Abeid et Samba Thiam en est une. Sous couvert de procédure, elle révèle une fébrilité : celle d’un système politique incapable d’assumer la moindre contradiction et dont la démocratie n’est, au fond, qu’une façade.
Comment comprendre, sinon par la peur, cet acharnement récurrent contre Biram Dah Abeid, opposant principal du régime depuis trois élections présidentielles, militant infatigable de la liberté et de la dignité humaine, figure respectée bien au-delà des frontières ? Comment expliquer qu’au moment même où le Président proclame sa volonté d’ouverture pour le dialogue, le pouvoir choisisse d’entraver et de criminaliser ceux dont la parole est la plus écoutée et la plus redoutée ?
Biram Dah Abeid n’a jamais appelé à la violence ni troublé l’ordre public, ni en Mauritanie ni ailleurs. Son seul « crime » est d’exprimer, haut et fort, l’aspiration d’une majorité silencieuse à plus de justice, d’égalité et de vérité. En cherchant à le faire taire, le système confesse sa peur d’un débat réel et dévoile, par la même occasion, le fossé immense qui sépare ses discours de ses pratiques.
Cette perte de sang-froid du pouvoir, loin de fragiliser Biram Dah Abeid, renforce sa légitimité et donne plus d’écho encore à son combat. Ses mots dérangent non parce qu’ils seraient violents ou excessifs, mais parce qu’ils sont justes et portés par l’espoir de milliers de citoyens, décidés à briser l’écran de façade qui masque les défaillances profondes de notre démocratie.
Face à cette provocation inacceptable, toutes les forces démocratiques ont le devoir de lui apporter un soutien ferme et public. Car défendre la liberté de Biram Dah Abeid et celle de tous les opposants, c’est défendre la possibilité même d’une vie politique authentique, où la contestation n’est pas un délit mais un droit.
Ce qui se joue ici dépasse le sort d’un seul homme : c’est la crédibilité d’un système qui prétend se dire démocratique mais refuse la pluralité dès lors qu’elle devient trop dérangeante. Car une démocratie réelle n’a de sens que si toutes les voix, même les plus critiques, peuvent s’exprimer sans crainte ni intimidation.
En tentant de bâillonner l’un des porte-voix les plus puissants de la contestation, le pouvoir révèle sa peur et son incapacité à regarder en face la société qu’il a contribué à façonner. Mais il oublie que la force de Biram Dah Abeid ne réside pas seulement dans ses mots, mais dans ce qu’il incarne : la dignité, le courage et la soif de justice d’une nation tout entière.
C’est pourquoi, aujourd’hui plus que jamais, il faut rester debout à ses côtés. Car ce combat n’est pas seulement le sien : il est celui de tous ceux qui refusent que la peur, l’intimidation et l’arbitraire dictent l’avenir du pays.