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Le cas Vouad Ould Savra : quand le désert fait du buzz son épopée

Dans une fable satirique aux allures de live Facebook, le personnage haut en couleur de Vouad Ould Savra incarne l’ère numérique mauritanienne où se mêlent dénonciations, scandales et chute publique. Un récit entre humour acide et lucidité sociale.

Il était une fois, dans l’épopée pixelisée du désert devenu data center, un certain Vouad Ould Savra. Ce n’était ni un notaire ni un poète de l’école de Ehel Heddar, mais il avait un talent : faire veiller tout un pays insomniaque à coups de lives nocturnes, où l’on attendait ses révélations.

Lui, c’était notre Sharlok holmes local, version sandales et sarcasme. Il parlait avec la confiance d’un ancien wali et l’agitation d’un griot en surcharge. Il sortait des noms, des titres fonciers, des contrats publics, des ministres, des cousins des ministres, des ânes de cousins de ministres… on ne savait plus où s’arrêtait l’État et où commençait la tcha tcha.

C’était ce qu’on appelle en hassaniya le « jef » : ce moment où le lait qu’on agite donne mousse et caillé, et chacun boit ce qu’il peut, du scandale à l’écœurement.

Mais voilà, comme dans toute fable saharienne, vint le moment du virage « MESBOUL », celui que même la tidinit de Sidi Ahmed el Bekay Ould Awa ne peut adoucir.

Après cinq jours chez les chevaliers de la cyber-sécurité, là où les Wi-Fi sont surveillés comme les troupeaux du Dhar d’Adrar en temps de disette, Vouad sort en slip rhétorique : plus de certitudes, plus de scoops, plus de coups. Il présente ses excuses comme un fils prodigue rentré chez sa tribu, les Ideycheli, ces guerriers qui autrefois faisaient trembler l’Émirat, mais qui aujourd’hui viennent, chèche baissé, supplier qu’on laisse leur fils tranquille.

Il s’est même excusé à genoux, d’après les rumeurs, chose rare chez un homme du désert, où l’on préfère mourir debout que plier devant l’administration. Il est le tout premier membre à avoir adhéré à l’association Al-‘Afiah Mownka, Diam ina weli, Diomou li gné yani, Jamm dafa jafe- jafe pour la paix et la sérénité, fondée par le sage Ahmed Ould Khatry.

Et là, surgit le vieil adage hassanien :
« Celui qui ne peut pas enfiler un sirwal, qu’il se contente de rester nu sous sa tente. »

Autrement dit, si tu ne peux pas supporter la chaleur du KOUZOUNOUZOU, sors de la cuisine du buzz.

Il n’est pas le premier. Avant lui, Ould Wedday, le philosophe des ondes troubles, a lui aussi chanté plus haut que le violon de sa prudence. Et Mohamed Bouya, député star, grande gueule du Parlement devenue muette comme une tidinit sans corde. Silence radio. Lui qui nous bassinait, désormais se fait rare comme un député honnête.

Mais ne riez pas trop vite. Ces gens-là sont des jongleurs, des fakirs de l’info, des acrobates dans une jungle de vautours. Vouad, ce n’était pas un journaliste, c’était un trapéziste sans filet, et les rapaces lui ont arraché le turban.

Mais l’histoire, mes amis, n’est pas terminée. Car dans le désert, quand une étoile file, une autre naît quelque part, et le « jef », cette mousse de lait informationnelle, trouvera toujours un fou pour l’agiter, même avec un simple bâton de berger connecté en 4G.

Et comme disait le vieux cheikh dans les dunes d’Aouajeft:
« Le verbe est une chamelle, qui peut te nourrir ou t’écraser. À toi de savoir si tu veux la monter ou qu’elle te piétine. »
Retour aux tentes. Le live est coupé. Le sirwal est tombé.

Mohamed Ould Echriv Echriv

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