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Nouakchott, au cœur de l’abandon

Nouakchott, au cœur de l’abandon

Sous une canicule écrasante et une humidité suffocante, traverser les artères de notre capitale, Nouakchott, relève d’une véritable épreuve sensorielle et morale. À proximité du « Point chaud » et de la majestueuse mosquée saoudienne, le décor qui s’offre au regard sidère, déçoit, et accable. Tout laisse à penser que l’on chemine non pas dans une capitale administrée, mais dans une cité livrée à elle-même, sans maire, sans ministre de la Santé, sans l’ombre d’une politique prophylactique. Rien. Le vide institutionnel, l’anarchie palpable.

Les ordures, entassées en monticules nauséabonds, exhalent une puanteur pestilentielle qui flotte dans l’air comme un reproche. Autour, une nébuleuse d’étals anarchiques propose des beignets douteux, des boissons tièdes et suspectes, des friperies délabrées, véritables condensés de misère et d’arnaque. La débrouille y côtoie l’illégalité, le besoin s’y confond avec le trafic, et le désespoir engendre toutes sortes de services – qu’ils soient utiles ou fallacieux, licites ou illicites.

Nous sommes las, épuisés, écœurés de voir se perpétuer les mêmes visages de l’échec, les éternels artisans de la médiocrité. Ils excellent dans l’art néfaste du népotisme, du clientélisme, du tribalisme, du régionalisme – autant de poisons qui gangrènent la République. Le trafic, dans toutes ses déclinaisons, a atteint son apogée : les arrestations de trafiquants de devises, de passeurs d’émigrés clandestins, de dealers de stupéfiants s’enchaînent, ternissant jour après jour l’image déjà défraîchie de notre nation.

Quant à la sécurité, elle devient un luxe inaccessible, notamment dans les quartiers périphériques, où les coupures d’électricité plongent les habitants dans des ténèbres propices à toutes les exactions. Dans les ruelles, le silence de l’État est plus assourdissant que les cris des victimes.

Un seul mot revient, lancinant, sur toutes les lèvres : argent. La société de consommation, impitoyable, impose sa loi. La vie, dans sa brutalité, contraint les uns à l’avidité, les autres à l’illégalité. Et pendant qu’une poignée détient les clés du pouvoir et de la richesse, la majorité, acculée, cherche désespérément à survivre, quitte à transgresser les lois.

Mohamed Eléya

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