Leila Bouamatou : Une banquière mauritanienne au cœur d’une alliance stratégique avec la BAD pour l’entrepreneuriat féminin
Le 27 juin 2025, à Abidjan, la BAD a approuvé une facilité financière innovante de 25,5 millions d’euros en faveur de la GBM, dirigée par Leila Bouamatou. Une avancée majeure pour l’entrepreneuriat féminin et le financement inclusif en Mauritanie.
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Le 27 juin 2025, à Abidjan, le Conseil d’administration de la BAD n’a pas simplement approuvé une facilité financière : il a, dans un geste hautement stratégique et symbolique, entériné un tournant dans la manière dont l’Afrique pense ses relais de croissance inclusive. Au centre de cette avancée, une figure féminine éminemment singulière : Leila Bouamatou, directrice générale de la GBM. Une Mauritanienne à la tête d’une banque systémique, une actrice de premier plan dans la recomposition des flux de capitaux en faveur de l’entrepreneuriat féminin.
La facilité approuvée — d’un montant global de 25,5 millions d’euros — ne se contente pas de renforcer la liquidité bancaire. Elle organise une ingénierie financière composite, à cheval entre ligne de crédit commerciale, garantie transactionnelle, subvention ciblée et cofinancement multilatéral sino-africain. En voici la composition :
15 millions d’euros sous forme de ligne de crédit pour le financement du commerce ;
5 millions d’euros en garantie de transaction, permettant à la BAD de couvrir jusqu’à 100 % des instruments documentaires émis par la GBM, ce qui représente un véritable passeport de crédibilité bancaire à l’international ;
500 000 euros issus de l’Initiative AFAWA, dans le cadre du programme We-Fi (Women Entrepreneurs Finance Initiative), à forte intensité genre ;
5 millions de dollars du Africa Growing Together Fund (AGTF), reflet d’un partenariat stratégique entre la BAD et la Banque populaire de Chine.
Autrement dit, cette opération n’est pas un simple appui financier, mais un dispositif sophistiqué d’amplification structurelle, un levier de transformation des capacités de la GBM dans son rôle d’intermédiation au service du secteur productif mauritanien, avec une attention particulière aux PME, grandes entreprises locales, et surtout, entreprises dirigées par des femmes.
Leila Bouamatou, dans une déclaration sobre et visionnaire, précise que ce partenariat « va bien au-delà d’une simple avancée financière ». Et elle a raison : il marque une inflexion conceptuelle dans le traitement du financement du commerce, où la femme entrepreneure mauritanienne cesse d’être une externalité sympathique pour devenir un acteur stratégique légitime.
Ce que Leila a su opérer, avec la rigueur d’une banquière et l’intelligence politique d’une bâtisseuse, c’est une réinscription de la confiance dans la matrice mauritanienne. Elle a traduit, auprès d’une institution aussi rigoureuse que la BAD, une capacité : celle de faire converger les contraintes du système bancaire avec les impératifs du développement inclusif.
Ce deuxième partenariat direct entre la BAD et la GBM est une reconnaissance de la solidité bilancielle de la banque (avec 68 millions d’euros de fonds propres, 209 millions d’euros de total bilan, et un portefeuille de 1 300 entreprises) mais aussi de son positionnement stratégique : une banque exclusivement dédiée aux PME, aux secteurs clés (énergies renouvelables, agriculture, pêche, télécoms, industries légères), et dirigée par une femme — seule dans ce cas dans tout le système bancaire mauritanien.
À travers cette décision, la BAD confirme également son ambition de réorienter ses interventions vers le secteur privé en Mauritanie. Il ne s’agit plus d’un financement périphérique, mais d’un outil de souveraineté économique, destiné à répondre à des besoins locaux immédiats — importations critiques — tout en construisant les fondations d’une résilience productive de moyen terme.
L’histoire retiendra peut-être peu les chiffres de cette opération, mais elle retiendra qu’en 2025, une femme mauritanienne a su mobiliser, par le crédit de sa compétence et de sa vision, une mécanique continentale au profit de ses concitoyennes. Là où certains brandissent le genre comme parure politique, Leila Bouamatou l’a transformé en infrastructure de financement, en passerelle réelle entre l’ambition féminine et le monde du capital structurant.
C’est une victoire fondatrice. Une fierté, non pas féminine, mais profondément nationale. Une Mauritanie qui avance — quand ses filles prennent les leviers du développement et les manient avec science, éthique et souveraineté.
Mohamed Ould Echriv Echriv