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Société civile en Mauritanie : initiatives pour la paix et la cohésion sociale

En Mauritanie, Société civile, médias et ONG multiplient les actions citoyennes pour renforcer la paix, la tolérance et la démocratie à travers l’éducation, le dialogue et les médias communautaires.

Nouakchott, juin 2025 – Dans une Mauritanie traversée par les défis liés à la diversité culturelle, aux inégalités sociales et aux tensions communautaires latentes, la société civile émerge comme un acteur central dans la construction d’un vivre-ensemble apaisé. De Nouadhibou au Hodh El Gharbi, des dizaines d’associations, ONG locales et initiatives citoyennes s’activent, souvent dans l’ombre, pour promouvoir la paix, la tolérance et la cohésion sociale.

Des voix citoyennes contre les fractures

Depuis plusieurs années, des organisations telles que l’Association des Femmes Cheffes de Famille (AFCF), Touche Pas à Ma Nationalité (TPMN), ou encore l’Initiative pour la Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA-Mauritanie) mènent des actions de sensibilisation contre les discriminations fondées sur l’ethnie, le genre ou la caste. Ces acteurs plaident pour une Mauritanie plurielle et inclusive.

« La paix n’est pas seulement l’absence de conflit. C’est la justice sociale, l’accès équitable aux droits et la reconnaissance de toutes les composantes de notre société », explique Aïssata Kane, coordinatrice de projets au sein du Réseau des Organisations de la Société Civile pour la Paix (ROSCP).

L’éducation à la paix comme levier

Dans les quartiers périphériques de Nouakchott et dans les zones rurales, des programmes communautaires d’éducation à la citoyenneté et à la non-violence sont mis en œuvre. Financé en partie par des partenaires internationaux comme l’UNESCO et l’Union européenne, le projet « Jeunes Ambassadeurs de la Paix » forme des lycéens et étudiants aux techniques de dialogue interculturel et de résolution des conflits.

Dans le Guidimakha, une région historiquement marquée par des tensions intercommunautaires, le Collectif pour la Cohésion Locale (CCL) organise des dialogues intergénérationnels. « Nous avons vu des jeunes Soninké et Peuls collaborer pour réhabiliter un puits commun. Ce n’est pas anodin », témoigne Mamadou Diallo, membre du CCL.

Médias, culture et participation citoyenne

La culture et les médias communautaires s’imposent également comme vecteurs de paix. À travers des festivals interculturels, des radios locales multilingues ou encore des séries audiovisuelles sur la tolérance, la société civile exploite le pouvoir de la narration pour déconstruire les stéréotypes et créer des ponts entre les communautés.

La radio communautaire Sawt El Salam, lancée en 2023 dans le Trarza, diffuse des émissions en arabe, en pulaar et en wolof, abordant des thématiques de coexistence pacifique et de droits humains. « Nous voulons que chaque auditeur se sente écouté, représenté et respecté », affirme sa directrice, Maimouna Sy.

Dans cette dynamique, Rapide Info, média d’information indépendant, vient de lancer une version arabe de son site, élargissant ainsi son accès à un public plus diversifié. En collaboration avec des partenaires comme le mouvement citoyen Patriotes-Unis, le site œuvre à l’ancrage d’une culture civique, en offrant un espace où convergence et divergence d’idées s’expriment librement. À travers ses tribunes, enquêtes et débats, Rapide Info contribue à renforcer le pluralisme démocratique et à faire émerger une parole citoyenne responsable.

Défis persistants et perspectives

Malgré ces avancées, les initiatives citoyennes doivent composer avec des ressources limitées, un cadre juridique parfois restrictif et des résistances culturelles ancrées. La question de la reconnaissance effective de toutes les composantes sociales – notamment les descendants d’esclaves – demeure un point de tension.

Toutefois, les résultats sont tangibles : une baisse de certains incidents intercommunautaires, une participation accrue des jeunes aux activités de médiation et une ouverture progressive des débats sur la mémoire historique du pays.

« Il ne peut y avoir de paix durable sans justice ni équité. C’est ce que la société civile nous rappelle au quotidien », conclut Ahmed Ould Sidi, sociologue et consultant auprès de plusieurs ONG internationales.

Encadré : Quelques initiatives phares

  • « Écoles de la Paix » – Programme éducatif pilote dans les établissements publics de Nouakchott.
  • Festival Salam – Rencontre annuelle d’artistes et de conteurs promouvant le vivre-ensemble.
  • Plateforme numérique “Mauritanie Unie” – Application mobile dédiée au dialogue citoyen.
  • Rapide Info (version arabe) – Média d’initiative civique pour le débat démocratique et la diversité d’opinion.

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