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ÉDITORIAL : Débit en berne, soupçons en hausse : l’État mauritanien face à ses contradictions numériques

Numériques

Par la Rédaction

En cette semaine chargée de symboles et d’engagements diplomatiques, la Mauritanie a connu un épisode numérique pour le moins troublant : un débit Internet anormalement faible, précisément au moment où se jouaient des séquences majeures de son agenda international et économique. Coïncidence ? Dysfonctionnement technique ? Ou manifestation d’un malaise plus profond ? La question mérite d’être posée.

À Nouakchott, la connexion s’est subitement faite timide alors que se déroulait une visite historique sur la plateforme gazière Grand Tortue Ahmeyim (GTA), projet phare de coopération entre le Sénégal et la Mauritanie. Cette rencontre entre les présidents Bassirou Diomaye Faye et Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani ne devait pas seulement acter une étape de l’intégration énergétique régionale ; elle était aussi une vitrine politique, un signal envoyé aux investisseurs et aux partenaires stratégiques. Mais alors que les caméras devaient tourner, c’est la bande passante qui s’est évaporée.

Dans le même temps, la capitale accueillait la Foire des produits algériens, inaugurée par le ministre du Commerce et de la Promotion des Exportations d’Algérie, Tayeb Zitouni, en visite officielle. D’autres membres du gouvernement se trouvaient à l’étranger, représentant la Mauritanie dans plusieurs fora internationaux. Une activité diplomatique intense, reflet d’une volonté affichée de repositionner le pays sur l’échiquier régional.

Et pourtant, c’est à ce moment précis que la toile a ralenti, voire disparu par endroits. Le timing interroge. D’autant que ce dysfonctionnement survient alors qu’une frange de l’opposition, regroupée sous la bannière de la *Coalition Anti-Système*, relance le débat sur la « gestion catastrophique » du pays, appelant à une transparence accrue. Le gouvernement, ces dernières semaines, semble engagé dans une forme d’activisme réformateur. Doit-on y voir une tentative de brouiller le message, de limiter la portée d’événements susceptibles de redorer l’image de l’exécutif ?

Certains, prudents, évoqueront la piste bien connue des incidents de câble, récurrents dans la sous-région. D’autres, plus sceptiques, pointeront une possible instrumentalisation des failles techniques à des fins politiques : saboter, par la bande, une dynamique gouvernementale, ou contrôler, par l’ombre, l’information qui circule.

Quoi qu’il en soit, ce nouvel épisode met en lumière une vérité constante : dans un pays où l’accès à l’information reste inégal, où l’infrastructure numérique peine à suivre les ambitions diplomatiques, la maîtrise de la connexion devient un enjeu de pouvoir.

La Mauritanie veut parler au monde, mais encore faut-il lui ouvrir le micro.

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