Mauritanie : Nouvelles orientations gouvernementales, politique migratoire et mouvement social en pleine effervescence
Mauritanie : Nouvelles orientations gouvernementales, politique migratoire et mouvement social en pleine effervescence
Nouakchott, 30 avril 2025 — La Mauritanie traverse une période de bouleversements politiques, sociaux et migratoires, marquée par des décisions gouvernementales audacieuses, une mobilisation citoyenne croissante, et une attention particulière à la gestion des flux migratoires. Alors que le pays cherche à consolider sa stabilité et à impulser un développement durable, ces dynamiques témoignent d’un contexte en pleine mutation, où les enjeux de gouvernance, de justice sociale, de souveraineté nationale et de migration occupent le devant de la scène.
Les dernières décisions gouvernementales : un tournant stratégique
Le gouvernement mauritanien, dirigé par le Premier ministre Moctar Ould Diay, a récemment adopté une série de mesures visant à renforcer la transparence, à stimuler l’économie et à répondre aux revendications sociales. Parmi celles-ci, la réforme du secteur minier, essentielle pour diversifier les sources de revenus, a été au cœur des annonces. La nouvelle législation prévoit une révision des contrats avec les compagnies étrangères, afin d’assurer une meilleure redistribution des bénéfices au profit des communautés locales. Selon le rapport de la Banque mondiale publié en mars 2025, le secteur minier représente environ 15 % du PIB du pays, mais la part des bénéfices redistribuée localement reste encore insuffisante.
Politique migratoire et gestion des flux migratoires
Par ailleurs, la Mauritanie a renforcé sa politique migratoire pour faire face aux défis liés aux flux migratoires, notamment ceux en provenance de l’Afrique subsaharienne et du Sahara. Le ministère des Affaires étrangères, dirigé par Mohamed Salem OULD Merzoug, a récemment souligné l’importance d’une gestion équilibrée, respectueuse des droits humains et de la souveraineté nationale. Lors d’une conférence de presse en avril 2025, le ministre a déclaré : « Nous sommes conscients des enjeux migratoires, tant pour notre pays que pour la région. La Mauritanie reste engagée dans une gestion humaine et responsable des flux migratoires, en collaboration avec nos partenaires régionaux et internationaux. Nous insistons sur la nécessité de lutter contre les trafics d’êtres humains tout en offrant des opportunités légales et sûres pour ceux qui cherchent à améliorer leur vie. »
Face aux réactions des partis d’opposition et des ONG, Mohamed Salem OULD Merzoug a affirmé que la politique migratoire mauritanienne vise à protéger la stabilité nationale tout entier respectant les droits fondamentaux. Il a également souligné que la Mauritanie continue de jouer un rôle clé dans la coopération régionale, notamment dans le cadre du G5 Sahel et de l’Initiative de la Méditerranée centrale.
Réactions et débats
Les déclarations du ministre ont suscité des réactions contrastées. Les partis d’opposition ont appelé à une plus grande transparence dans la gestion des flux migratoires et à une meilleure protection des migrants. Les ONG nationales et internationales ont salué l’engagement de la Mauritanie, tout en insistant sur la nécessité d’accroître la coopération pour lutter contre les réseaux de trafiquants et garantir les droits des migrants.
Les mouvements politiques et sociaux : un paysage en mutation
Sur le plan politique, la scène mauritanienne voit émerger de nouvelles forces et renforcer celles déjà établies. La coalition de l’opposition, regroupant plusieurs partis, a intensifié ses actions pour faire entendre ses revendications, notamment en matière de démocratie participative, l’officialisation des langues nationales et la lutte contre la corruption. Des manifestations pacifiques ont été organisées dans plusieurs villes, appelant à une plus grande transparence dans la gestion publique. Selon un sondage réalisé par l’Institut Mauritanien d’Études Politiques en février 2025, 62 % des citoyens souhaitent voir des réformes institutionnelles profondes.
Les jeunes, en particulier, jouent un rôle moteur dans ces mouvements, utilisant les réseaux sociaux pour coordonner leurs actions et exprimer leur désir de changement. La société civile continue de réclamer des réformes institutionnelles, notamment en ce qui concerne la justice et la liberté d’expression. D’après le rapport de l’Observatoire Mauritanien des Droits de l’Homme, la liberté d’expression a connu une progression de 15 % en 2024, malgré quelques restrictions.
Les protestations : un cri d’espoir ou de défiance ?
Depuis quelques semaines, des protestations sporadiques ont éclaté dans la capitale et dans plusieurs régions du pays. Les manifestants dénoncent souvent le chômage, les arrestations arbitraires, la pauvreté, le manque de services publics adéquats, mais aussi les défis liés à la gestion migratoire. Selon le ministère de l’Intérieur, environ 3 000 personnes ont participé à ces mobilisations, dont une majorité de jeunes. Si certaines mobilisations ont été encadrées et pacifiques, d’autres ont malheureusement dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre. La police a rapporté avoir arrêté une quarantaine de personnes lors des incidents récents.
Le gouvernement a réaffirmé son engagement à dialoguer avec toutes les parties prenantes, tout en appelant au calme et à la responsabilité. La communauté internationale, notamment l’Union africaine et l’ONU, suit de près ces développements, soulignant l’importance de préserver la stabilité tout en répondant aux aspirations légitimes des citoyens.
Perspectives vers une nouvelle étape démocratique
La Mauritanie se trouve à un carrefour. La volonté affichée du gouvernement de réformer en profondeur, combinée à une société civile active, à une jeunesse engagée, et à une gestion responsable des flux migratoires, pourrait ouvrir la voie à une nouvelle étape de développement démocratique. Cependant, la réussite de ces efforts dépendra de la capacité des acteurs politiques à instaurer un dialogue constructif et à répondre concrètement aux attentes populaires.
En définitive, la Mauritanie doit concilier ses ambitions de croissance avec la nécessité d’assurer justice sociale, cohésion nationale, et gestion efficace des migrations. Le chemin est encore long, mais l’espoir d’un avenir plus équitable et prospère demeure vivace dans le cœur de ses citoyens.
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