Propagande ou évaluation d’une situation ?
Propagande ou évaluation d’une situation ?
Une telle déclaration relève plus de la propagande que d’une véritable évaluation de la situation économique et sociale du pays.
Où est la souveraineté alimentaire ?
Affirmer que la Mauritanie a réalisé des « progrès tangibles » en matière d’autosuffisance alimentaire relève soit d’un optimisme aveugle, soit d’une volonté délibérée de tromper l’opinion publique. En réalité :
• Le pays importe toujours l’essentiel de ses besoins alimentaires, notamment en céréales, en légumes et en produits de première nécessité.
• Les prix des denrées de base ne cessent d’augmenter, rendant l’accès à l’alimentation de plus en plus difficile pour les couches populaires.
• Le secteur agricole est toujours sous-développé, manquant d’investissements stratégiques, d’infrastructures modernes et d’un soutien réel aux petits producteurs.
Où sont donc ces transformations majeures ? Quelles sont les preuves concrètes que la Mauritanie produit suffisamment pour nourrir sa population sans dépendre massivement des importations ?
Une croissance économique au profit de qui ?
Le président du patronat annonce fièrement une hausse des recettes douanières et fiscales. Très bien, mais ces chiffres ne disent rien sur :
• L’origine de ces revenus : sont-ils issus d’une véritable création de richesse locale ou simplement d’une augmentation des taxes et des importations ?
• La redistribution de ces recettes : où va cet argent ?
Contribue-t-il réellement à améliorer les conditions de vie des Mauritaniens ou simplement à remplir les caisses d’un État inefficace et d’un cercle restreint d’hommes d’affaires ?
Si le secteur privé était si dynamique et bénéfique au développement, pourquoi :
• La majorité des Mauritaniens souffre-t-elle toujours du chômage et de la précarité ?
• Les prix des produits de première nécessité sont-ils toujours inaccessibles pour les plus modestes ?
• Le pouvoir d’achat des citoyens continue-t-il de s’effondrer malgré ces prétendues performances économiques ?
Ces discours laudateurs servent avant tout à masquer l’incapacité du gouvernement à apporter des solutions concrètes aux défis du pays. Loin des salons feutrés de Nouakchott, la réalité est tout autre :
• Les paysans et éleveurs peinent à survivre, faute d’accès à l’eau, au matériel agricole et à des politiques de soutien adaptées.
• Le secteur privé reste dominé par une minorité d’acteurs privilégiés, qui profitent des faveurs de l’État pendant que les petites entreprises luttent pour survivre.
• Le coût de la vie devient insoutenable pour les classes populaires, avec une inflation galopante et des salaires qui ne suivent pas.
Plutôt que de multiplier les déclarations auto-congratulatrices, il serait temps d’admettre les échecs structurels et de proposer des réformes sérieuses pour :
• Renforcer la production nationale au lieu de dépendre des importations.
• Favoriser un développement économique inclusif, qui profite à tous et non à une élite restreinte.
• Mettre en place des politiques publiques réellement axées sur le bien-être des citoyens et non sur la communication politique.
Les chiffres ne nourrissent pas les gens. La réalité économique ne se juge pas en conférence de presse, mais dans les foyers des Mauritaniens, qui continuent de subir une précarité grandissante.
Sy Mamadou