Lu dans And Soppi n°2 de juillet 1977, il y a 48 ans de cela.
BILLET : De la pudeur Messieurs !
Lu dans And Soppi n°2 de juillet 1977, il y a 48 ans de cela.
BILLET : De la pudeur Messieurs !
Mais oui, s’il pouvait en aller ainsi de chacun, de l’Etat, de sa tête, de son corps, de ses membres, de ses oreilles, de ses sens.
Qu’ils sont pudiques ces messieurs de la bourgeoisie bureaucratique dans le vol, la dilapidation, l’appropriation de la propriété du peuple, les orgies, la luxure et l’apparat.
Qu’ils sont pudiques ces messieurs hauts placés et gras de « ribah », mangé, dans l’incurie et la soumission à l’étranger.
Qu’ils sont pudiques dans la promotion du tourisme, l’expropriation des citoyens sénégalais au nom de la loi sur le domaine national.
Qu’ils sont pudiques avec leur loi scélérate punissant la transcription des langues nationales.
Qu’ils sont pudiques les servants de l’impérialisme avec leurs villas nombreuses et somptueuses, leurs voitures dernier cri, leur tenues de façade, leur langage emprunté, leurs femmes et leurs amies dépigmentées au nom de la négritude.
Qu’ils sont pudiques ces hommes d’un certain parti devenu par la force des choses le meilleur placement pour les politico commerciaux.
Ils sont pudiques ces héritiers de Faidherbe et ses pareils, qui osent profaner nos héros nationaux et les saints hommes de ce pays. Si Bamba pouvait parler, il aurait tancé vertement ces faux amis de circonstance.
Ils sont pudiques ces champions du discours sur la démocratie, qui affament le peuple et spolie, la nation.
Démocratie du discours du discours et autocratie réelle : voilà le visage du Sénégal moderne.
La démocratie est l’ennemi implacable du culte d’un homme, d’un dirigeant, fut-il éminent. Ce qui loin d’être unanimement admis dans le cas d’espèce.
Les peuples à qui la démocratie est offerte sont des peuples faibles, sans défense, sans énergie et sans ambition.
Notre peuple nourrit un grand destin : être maître des ses terres, de ses richesses, de son destion, de son présent et de son avenir.
Il est vrai que certains hommes et certains groupes d’intérêts n’apprennent rien et ne retiennent rien de l’histoire.
C’est dommage.
S. D. THIAM
Ce texte de Samba Diouldé Thiam est, d’une actualité étonnante et remarquable. Oui, car il reflète et décrit exactement, la situation actuelle. Et pourtant, il date d’hier. Il est paru dans And Soppi n° 2 de juillet 1977. Les idées justes et vraies sont toujours d’actualité .et conservent leur valeur intrinsèque.