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Démission du Directeur de l’INVH : Un Signal d’alarme pour la Santé Publique

Démission du Directeur de l’INVH : Un Signal d’alarme pour la Santé Publique.
La récente démission du directeur de l’Institut National d’Hépato-Virologie (INVH) en Mauritanie mérite une analyse approfondie, éloignée de tout jugement hâtif ou d’interprétation superficielle. Ce départ, qui suscite des interrogations, soulève des enjeux cruciaux sur l’état du système de santé mauritanien et les failles structurelles qui l’affectent.

Une Démission aux implications significatives

L’ancien directeur de l’INVH est reconnu pour son intégrité et son engagement envers la santé publique. Loin d’être un opposant politique, son geste traduit une frustration face à des défaillances systémiques profondes. En effet, ses propos mettent en lumière des problèmes récurrents dans la gestion des établissements de santé, notamment le manque de moyens, la pression sur les personnels soignants, et l’absence d’une stratégie de financement viable.

Les interrogations qu’il soulève sont pertinentes :
– La gouvernance sanitaire est-elle suffisamment adaptée aux réalités du pays ?
– Le système de financement actuel est-il soutenable ?
– Les différents modèles adoptés ailleurs pourraient-ils inspirer une amélioration ?

Comparaison avec d’autres Systèmes de Santé

Le système de santé mauritanien oscille entre différents modèles, notamment la gratuité des soins pour certains services, l’assurance maladie partielle et le recouvrement des coûts. Toutefois, cette approche hybride semble démontrer ses limites, avec un accès aux soins encore restreint et une qualité de service souvent critiquée.

Comparaison Internationale :

1. France : Système basé sur l’assurance maladie universelle avec remboursement des soins et participation modérée des patients.
2. Rwanda : Modèle réussi de mutuelle de santé communautaire, où la couverture sanitaire atteint près de 90 % de la population.
3. Afrique du Sud : Système mixte public-privé, avec un secteur privé performant mais inaccessible pour la majorité des citoyens.

Si la Mauritanie opte pour une assurance maladie universelle, comme au Rwanda, il faudra veiller à sa viabilité financière et à une gouvernance rigoureuse pour éviter les dérives administratives.

Le Débat sur le Mode de Financement : Quelle Option pour la Mauritanie ?

Le financement des soins de santé est un enjeu central. Quatre modèles principaux sont envisagés :

1. Gratuité des soins : Idéale mais très coûteuse, difficilement soutenable sans une économie forte.
2. Assurance maladie universelle : Réduit le fardeau financier des patients, mais nécessite une gestion efficace des cotisations et une couverture étendue. ( necessité d’encourager la création des mutuelles de santé)
3. Paiement par actes : Favorise la responsabilisation des structures hospitalières et une meilleure gestion des ressources.
4. Recouvrement des coûts : Permet d’assurer des services de qualité, mais peut exclure une partie de la population vulnérable.

Personnellement, je préconise le paiement par actes, qui permet un meilleur contrôle de la qualité des soins et une répartition équilibrée des coûts. Cependant, pour être efficace, ce système devrait s’accompagner de réformes claires, notamment en matière de transparence et de gestion des fonds hospitaliers.

Statistiques Récentes et Réalité du Terrain

Les chiffres actuels sur le système de santé en Mauritanie soulignent des lacunes majeures :
– Dépenses de santé publique : Représentent 4,12 % du PIB, bien en dessous de la moyenne recommandée par l’OMS (au moins 5,8 %). (Banque Mondiale, 2024 ; Organisation Mondiale de la Santé, 2024b)
– Espérance de vie : Environ 64 ans, contre 75 ans en France.
– Mortalité infantile : 35 décès pour 1 000 naissances, un taux encore élevé par rapport aux pays voisins.

Ces statistiques révèlent l’urgence d’agir pour renforcer les capacités du système de santé mauritanien.

La démission du directeur de l’INVH doit être perçue comme un signal d’alarme. Plus qu’un simple départ, elle traduit un malaise profond qui appelle une réforme urgente du système de santé. Une réponse adaptée nécessite une volonté politique forte, un financement durable et une meilleure gouvernance.

En définitive, la santé de nos concitoyens ne doit pas être un sujet de compromis, mais une priorité nationale. Il est temps d’agir pour bâtir un système plus juste, plus accessible et plus efficace, à la hauteur des attentes de la population mauritanienne.

Ahmed OULD BETTAR

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