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L’OTAN et la Mauritanie renforcent leur coopération : Une visite stratégique de Javier Colomina

Le 30 janvier 2025, le représentant spécial du secrétaire général de l’OTAN pour le voisinage méridional, Javier Colomina, a effectué sa première visite officielle en Mauritanie. Ce déplacement s’inscrit dans un contexte de renforcement des relations entre l’Alliance atlantique et ce pays du Sahel, au cœur des préoccupations sécuritaires de la région. À Nouakchott, M. Colomina a rencontré les plus hauts responsables mauritaniens, dont le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Merzoug, et le ministre de la Défense, Hanana Ould Sidi.

Une coopération stratégique renforcée

Au cours de sa visite, le représentant de l’OTAN a réaffirmé la volonté de l’Alliance de renforcer ses liens avec la Mauritanie, notamment dans la lutte contre le terrorisme et le renforcement des capacités de défense. Ces échanges ont permis de faire le point sur la mise en œuvre réussie de plusieurs initiatives, telles que la formation des forces d’opérations spéciales, la sûreté maritime et l’amélioration du renseignement. Ces projets, lancés dans le cadre du partenariat OTAN-Mauritanie, visent à renforcer la sécurité dans une région de plus en plus marquée par l’instabilité et les actions des groupes armés terroristes.

Le rôle de l’OTAN dans la sécurité du Sahel : Une question toujours d’actualité

Lors de cette rencontre, un aspect fondamental de la coopération a été abordé : le rôle de l’OTAN en matière de sécurité dans la région du Sahel, une question qui continue de susciter débats et interrogations. En 2021, lors d’un briefing avec le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, et le Président de la République islamique de Mauritanie, Mohamed Ould Ghazouani, j’avais posé deux questions cruciales : Quel rôle l’OTAN devrait-elle jouer en matière de sécurité dans la région du Sahel ? Et pourquoi y a-t-il des retards dans le soutien des forces alliées dans la région ?

Le président mauritanien avait répondu en soulignant la nécessité de mieux définir les rôles de l’OTAN et des autres acteurs de la région, tout en prenant en compte les spécificités de chaque pays. La Mauritanie, membre du Dialogue méditerranéen, fait partie des pays ayant un statut particulier vis-à-vis de l’Alliance, et Mohamed Ould Ghazouani a insisté sur l’importance de clarifier les rôles des différents partenaires internationaux dans cette zone géographique complexe.

Concernant les retards évoqués, le Président a souligné que bien que des actions aient été mises en place dans un cadre bilatéral et multilatéral, les résultats n’avaient pas tardé à se faire sentir. Selon lui, le soutien de l’OTAN à la Mauritanie, notamment dans la lutte contre les groupes terroristes dans la zone des trois frontières (Mauritanie, Mali, Burkina Faso), progresse régulièrement. Il a insisté sur le fait que les actions entreprises sont positives et que l’Alliance atlantique continue de jouer un rôle important dans le renforcement de la sécurité régionale.

Un partenariat stratégique : défis et perspectives

L’implication de l’OTAN en Afrique, en particulier dans le Sahel, a toujours été un sujet sensible. Certains critiques soulignent les risques d’ingérence extérieure, tandis que d’autres estiment que l’Alliance atlantique devrait adopter une approche plus inclusive, en tenant compte des dynamiques locales et régionales. La Mauritanie, en tant qu’acteur clé de la région, semble avoir trouvé dans ce partenariat une opportunité de renforcer ses capacités de défense, tout en préservant sa souveraineté et en jouant un rôle de médiateur régional.

La coopération renforcée entre l’OTAN et la Mauritanie est donc un exemple d’une collaboration stratégique visant à répondre aux défis sécuritaires du Sahel. Toutefois, elle soulève également des questions sur l’efficacité des interventions extérieures, la coordination entre les différents acteurs internationaux et la pérennité de ces initiatives à long terme. Le soutien militaire de l’OTAN doit donc être vu à travers le prisme d’un partenariat équilibré, où les priorités locales et régionales sont prises en compte.

Une relation bilatérale en pleine évolution

La visite de Javier Colomina à Nouakchott s’inscrit dans une dynamique de coopération accrue entre l’OTAN et la Mauritanie. Si des progrès notables ont été réalisés dans les domaines de la sécurité, du renseignement et de la lutte contre le terrorisme, le rôle de l’OTAN dans la région du Sahel continue de susciter des débats. Pour la Mauritanie, cette coopération est essentielle, non seulement pour moderniser ses forces armées, mais aussi pour renforcer son influence sur la scène régionale.

À mesure que la situation sécuritaire en Afrique de l’Ouest évolue, la collaboration entre l’OTAN et la Mauritanie pourrait jouer un rôle clé dans la stabilisation du Sahel. Cependant, elle devra s’adapter aux réalités locales et aux besoins spécifiques des pays de la région pour garantir une sécurité durable et partagée.

Ahmed Ould Bettar

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