Culture

Visite du Ministre de la Communication au Journaliste Hanevi Dehah :

Un geste de soutien dans un contexte de défense des libertés et de lutte contre la corruption

Le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement a récemment rendu une visite au journaliste Hanevi Dahah, victime d’une violente agression dans la nuit du dimanche 26 janvier 2025, à Nouakchott. Cette visite, qui a été largement relayée par les médias, survient dans un contexte où la sécurité des journalistes et la liberté de la presse en Mauritanie font l’objet de vives inquiétudes, notamment après cet incident choquant qui a laissé M. Dehah dans un état de santé préoccupant.

L’agression de Hanevi Dehah, directeur de l’agence de presse « Taqadoumy », a eu lieu devant son lieu de travail, lorsqu’il s’apprêtait à quitter les locaux. Selon les témoins de la scène, deux individus ont attaqué le journaliste avec une violence extrême. Après l’attaque, les secours ont rapidement été appelés pour l’évacuer vers un hôpital. Bien que l’enquête soit toujours en cours pour identifier les auteurs de cette agression, cet incident soulève de sérieuses questions concernant la sécurité des professionnels des médias dans un pays où les journalistes sont souvent confrontés à des pressions et à des menaces.

La visite du ministre, bien que saluée par certains, soulève des interrogations. Si elle témoigne d’un soutien symbolique du gouvernement à l’égard des journalistes, elle est également perçue comme une réponse à la montée des inquiétudes autour de la liberté de la presse. Des associations de défense des droits humains et des journalistes ont en effet exprimé leurs préoccupations face à l’augmentation des violences à l’encontre des journalistes en Mauritanie, soulignant la nécessité de renforcer la protection juridique et physique des professionnels de l’information.

Cette démarche du ministre s’inscrit dans un cadre plus large de réactivité aux préoccupations sociales exprimées par la population. En effet, le geste du porte-parole du gouvernement répond directement aux directives du président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, qui a toujours montré une grande sollicitude envers les citoyens en difficulté. Le président s’est, en effet, régulièrement rendu au chevet des malades et des victimes d’accidents ou de violences. Il a, par exemple envoyé, le ministre des affaires islamiques en signe de compassion aux victimes de l’accident de Nouadhibou, mais aussi exprimé son soutien aux familles des victimes lors des inondations de 2019. Cette constance dans l’expression de solidarité fait partie de la ligne de conduite qu’il a adoptée, renforçant ainsi l’idée que l’engagement du gouvernement envers ses citoyens va au-delà des simples déclarations.

Parallèlement à cet événement, une réflexion plus large sur la justice et la transparence dans le pays est en cours, portée notamment par des personnalités comme le Professeur Mohamed El Mounir. Dans un posting récent, ce dernier a insisté sur l’importance de respecter les principes de la justice légale, rappelant que la violence, y compris celle exercée contre les journalistes, n’est jamais une solution. Il a également souligné la nécessité de garantir un environnement sécuritaire pour les journalistes, dont le travail est essentiel au bon fonctionnement de la démocratie et à la lutte contre la corruption.

Dans ce contexte, l’appel du Professeur El Mounir à la lutte contre la corruption et à l’intransigeance de la justice, notamment par le biais d’enquêtes rigoureuses et de la protection des lanceurs d’alerte, prend toute son importance. En effet, la corruption reste un problème majeur en Mauritanie, et le rôle des journalistes dans la dénonciation des pratiques corruptives est crucial. Le Professeur El Mounir a d’ailleurs souligné que des mesures législatives devraient être prises pour protéger les journalistes et les dénonciateurs, afin qu’ils puissent exercer leur métier sans crainte de représailles.

Ainsi, la visite du ministre au journaliste Hanevi Dehah ne doit pas seulement être vue comme un geste de solidarité, mais aussi comme une invitation à une prise de conscience collective concernant les défis auxquels sont confrontés les journalistes dans un environnement parfois hostile. Les autorités mauritaniennes, sous la pression de la société civile et des organisations internationales, se doivent d’agir de manière concrète pour garantir un climat de travail sûr et libre pour les professionnels des médias.

Les événements récents soulignent l’urgence de renforcer la protection des journalistes et de veiller à la mise en place de mécanismes juridiques efficaces pour garantir la liberté de la presse. En parallèle, il est crucial d’ouvrir un débat plus large sur la lutte contre la corruption, pour que les journalistes puissent continuer à jouer leur rôle fondamental dans la surveillance du pouvoir et la préservation de l’intérêt public.

Ahmed Ould Bettar

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