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M. Le Président, arrêtez ce gâchis !!

M. Le Président, arrêtez ce gâchis !!
Mon attention vient d’être attirée par la campagne qu’entreprend actuellement le Commissariat a la sécurité alimentaire pour distribuer aux populations de l’Assaba plus de 500 millions d’ouguiya cash. Des questions se posent dans mon esprit.
A-t-on fait plus au profit des populations victimes des inondations ? A-t-on fait une étude préalable pour s’assurer de l’impact positif de cette politique ?
A-t-on déjà évalué la pertinence de cette politique ?
Il me semble que cette distribution peut avoir de graves conséquences sur tous les plans.
1 – Même si nous distribuons une montagne d’argent elle servira a acheter des voiles jetables et des cartes de crédit et n’aura aucun effet durable sur le niveau de vie des populations. Plusieurs bailleurs de fonds ont financé des projets comportant des composantes « cash », et que j’ai évalué moi-même, mais ces projets n’ont eu qu’un impact négatif comme la distribution des vivres depuis les années 70. Je ne suis pas, loin s’en faut, malthusianistes et je crois au rôle providentiel de l’État, mais cette providentialité peut et doit se traduire moins naïvement et de la manière la plus porteuse d’espoir et de changement durable et plus positif pour les populations.
2 – peut-on penser pouvoir savoir combien d’argent a été distribué a des analphabètes dans les zones reculées du Dhar de Nema ou de Tichitt ? Ou croit-on qu’il soit encore possible de trouver des anges en Mauritanie ?
Nous avons distribué des dizaines, voire des centaines de milliards d’ouguiya sans avoir la moindre possibilité
d’ en mesurer l’impact et même la certitude d’avoir atteint nos populations ciblées.
Imaginons quel effet aurait eu cette montagne d’argent si nous l’avions investie pour réaliser des lacs collinaires en vue de retenir le tiers seulement de nos eaux de ruissellement qui se déversent chaque annee dans l’ocean?
Quelle aurait pu être le bonheur de nos concitoyens de l’Affole, de l’Aftout et d’ailleurs ?
Messieurs du Gouvernement
Le sentimentalisme et l’amour du peuple sont louables, mais ils ne doivent pas guider le choix de nos politiques économiques.
De 1941 à 1945, il y eut une famine qui a failli décimer certaines de nos régions. Mais nos populations ont fait preuve d’une résilience insoupçonnable en utilisant les réserves des fourmilières et en consommant la viande des ânes et des chiens. Nos grands hommes ont utilisé leur tasouffra pour caftan. Mais nous sommes sortis de cette crise encore plus forts et plus dignes, sans demander l’aide de personne, !!!
Alors, arrêtons de distribuer naïvement de l’argent à nos populations et réalisons-leur avec cet argent des choses plus papables et plus durables !!!

Isselmou Ould Abdel Kader
Juriste économiste

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