Accueil |

Les élections africaines montrent que la démocratie ne doit pas être considérée comme acquise.

Les élections africaines montrent que la démocratie ne doit pas être considérée comme acquise.

Le Rwandais Paul Kagame a remporté une victoire écrasante aux élections présidentielles tenues le 15 juillet.
Avec plus de 99 % des voix en faveur de Kagame, cette élection présidentielle semble être une répétition des trois précédentes, où le président sortant a remporté les victoires attendues.
La réélection de Kagame se déroule dans un contexte plus large de nombreuses autres courses électorales importantes à travers l’Afrique cette année.
Des élections présidentielles ont déjà eu lieu aux Comores, au Sénégal, au Tchad et en Mauritanie.
Avec cette forte concentration de votes nationaux, l’année 2024 peut servir d’indicateur de la direction que prend la démocratie en Afrique et offrir d’importantes leçons.
Deux victoires pour la démocratie le Sénégal et l’Afrique du Sud ont connu deux des résultats électoraux les plus étonnants jusqu’à présent.
Étant donné que dans les deux cas, les partis au pouvoir avec un fort avantage ont subi des pertes importantes, les élections au Sénégal et en Afrique du Sud peuvent être considérées comme deux victoires pour la démocratie.
Le cas sénégalais illustre à quel point le recul intrépide d’une société civile, forte, d’une opposition politique résiliente et d’une Cour constitutionnelle courageuse peut en fin de compte contribuer à déclencher des résultats spectaculaires dans un contexte politique et électoral complexe.
Le cas sud-africain montre comment des citoyens informés et une opposition politique robuste et résiliente peuvent progressivement réduire à néant le pouvoir d’un parti autrefois dominant.
Quelques mois avant les élections, le Sénégal traversait une crise politique majeure alors que le président sortant Macky Sall se livrait à des manœuvres politiques, vraisemblablement pour prolonger son mandat ou au moins influencer le résultat des élections.
Comme au Mali, au Bénin, au Niger, et même au Kenya, la démocratie au Sénégal et en Afrique du Sud a souvent été considérée comme acquise.
Ces cas montrent les limites du test des “deux retournements” du politologue américain Samuel Huntington pour évaluer la stabilité de la démocratie d’un régime politique – c’est – à -dire avoir deux transitions politiques consécutives sans que l’ordre constitutionnel démocratique ne s’effondre.
La même conclusion peut être tirée également des résultats contestés des votes aux Comores et au Tchad.
Au Tchad, au moins 12 personnes ont été tuées dans des violences pré et postélectorales sur fond de menaces et d’intimidations.
Les courses à enjeux élevés et gagnantes comme les élections présidentielles peuvent être problématiques, et encore plus dans les cas de prétendus scrutins sortants où les présidents en exercice sont également candidats.
Cela – comme l’illustrent les élections au Rwanda- réduit les chances d’une victoire de l’opposition.
Avant le vote du 15 juillet, par exemple, la commission électorale a rejeté la candidature de Diane Rwigara- peut – être l’une des critiques les plus virulentes de Kagame aujourd’hui – invoquant des formalités administratives irrégulières.
En avril, un tribunal de Kigali a également bloqué la candidature d’une autre critique féroce de Kagame, Victoire Ingabire, invoquant des condamnations antérieures pour négationnisme et terrorisme.
Celles-ci se dérouleront dans des contextes d’extrême fragilité démocratique comme la Tunisie, la Guinée-Bissau, la région séparatiste du Somaliland, le Soudan du Sud, la Guinée et l’Algérie.
Coups d’État et résurgence conservatrice, il est également important de souligner que ces scrutins de 2024 se déroulent dans un contexte régional plus large, avec des dynamiques moins qu’idéales.
Plus précisément, il y a eu une résurgence et une normalisation des coups d’État militaires en Afrique, avec des putschistes qui ne sont manifestement pas pressés de retourner dans les casernes.
Les chefs militaires du Mali et du Burkina Faso ont indéfiniment gelé les scrutins initialement prévus pour février et juillet de cette année.

Avec agences

Laisser un commentaire

Articles similaires