Développement local : le gouvernement mauritanien déploie des missions ministérielles à l’intérieur du pays
Le gouvernement mauritanien a lancé des missions ministérielles dans cinq wilayas pour expliquer les projets du programme d’urgence de développement local. Une initiative saluée mais scrutée de près par l’opposition, la société civile et les partenaires internationaux.
Développement local
Dans le cadre du programme d’urgence pour le développement local, des ministres sillonnent l’intérieur du pays pour détailler les projets régionaux approuvés. Si le gouvernement y voit une avancée décisive, l’opposition et les acteurs civils appellent à plus de transparence et d’inclusivité.
Nouakchott, 18 mai 2025 – Le gouvernement mauritanien a lancé une série de missions ministérielles à travers plusieurs wilayas du pays, dans le cadre du démarrage du programme d’urgence pour le développement local, initié par le Président de la République, Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani. L’objectif : vulgariser les projets approuvés pour chaque région et engager les communautés dans leur mise en œuvre.
Selon un communiqué émis par le Premier ministère, ces missions s’inscrivent dans une démarche visant à généraliser l’accès aux services essentiels – éducation, santé, eau, routes, emploi – afin de réduire les inégalités régionales. Trois délégations ministérielles sont actuellement à l’œuvre dans les régions du Tiris Zemmour, de l’Adrar, de l’Assaba, du Guidimaka et du Gorgol. Elles rencontrent les autorités administratives, les élus locaux, les acteurs de développement et la société civile pour expliquer les composantes du programme, leur calendrier de mise en œuvre et les mécanismes de suivi.
Une démarche participative saluée par l’exécutif
Du côté du gouvernement, ce programme est présenté comme une réponse concrète aux attentes exprimées par les populations lors des forums régionaux de janvier dernier. Le ministre secrétaire général du gouvernement, en déplacement dans l’Assaba, a déclaré : « Nous voulons que chaque citoyen sache ce qui est prévu pour sa commune, et que chacun puisse suivre l’exécution sur le terrain ». Pour le pouvoir, cette stratégie s’inscrit dans une volonté de décentralisation active et de réhabilitation du lien entre l’État et les territoires périphériques.
Une opposition vigilante
Si la démarche est saluée dans son principe, certains partis d’opposition appellent à la prudence. Le Rassemblement des Forces Démocratiques (RFD) estime que « la réussite dépendra de la transparence dans l’exécution, de l’absence de clientélisme et du respect de l’équité entre les régions ». Le parti Tawassoul, pour sa part, insiste sur la nécessité d’associer les citoyens à chaque étape de l’exécution, et de publier régulièrement les indicateurs de performance.
Les inquiétudes de la société civile
Plusieurs organisations de la société civile expriment également des réserves. L’Association mauritanienne pour le développement équitable (AMDE) regrette que « les modalités de sélection des projets ne soient pas toujours claires pour les communautés locales » et appelle à renforcer la formation des comités de suivi. D’autres acteurs dénoncent un manque d’inclusivité, notamment envers les femmes et les jeunes, souvent sous-représentés dans les comités de développement.
Les partenaires internationaux observent avec attention
Du côté des partenaires au développement, le lancement de ces missions est vu comme un signe positif. La représentation du PNUD en Mauritanie a salué une initiative cohérente avec les Objectifs de développement durable (ODD), tout en soulignant l’importance du suivi-évaluation indépendant. « Les promesses doivent être accompagnées de résultats mesurables », a déclaré un responsable onusien à Nouakchott.
Des experts divisés sur la portée du programme
Les économistes et experts du développement restent partagés. Pour Dr Sidi Ould Ahmed, enseignant-chercheur à l’Université de Nouakchott, « ce programme peut avoir un impact réel s’il est bien financé, mais l’expérience montre que beaucoup d’initiatives finissent inachevées faute de pilotage rigoureux ». D’autres mettent en garde contre le risque de superposition entre les différents programmes sectoriels, qui pourrait nuire à leur cohérence.
Les médias régionaux à la manœuvre
Les radios communautaires et les correspondants de la presse régionale jouent un rôle clé dans la couverture de ces missions. Des reportages ont déjà été diffusés sur les visites dans les communes rurales de Kankossa et Sélibabi, où les habitants ont exprimé leurs espoirs, mais aussi leur scepticisme face aux promesses récurrentes.
Conclusion : Si le programme d’urgence pour le développement local représente une opportunité inédite pour réduire les inégalités territoriales en Mauritanie, sa réussite dépendra de la transparence, de l’appropriation locale et d’un suivi rigoureux. Les prochains mois seront décisifs pour évaluer la capacité de l’État à tenir ses engagements, dans un contexte socio-économique exigeant et à l’approche d’échéances politiques majeures.
Source : Rapide info