Visite de Reporters sans frontières en Mauritanie : une démarche qui soulève des questions sur l’indépendance des rencontres officielles

Reporters sans frontières

Communiqué :

La récente visite du directeur de l’organisation internationale « Reporters sans frontières » en Mauritanie suscite de nombreuses interrogations au sein de la presse indépendante locale. En effet, contrairement aux attentes de nombreux acteurs du secteur, cette visite n’a pas permis de rencontrer les représentants des médias sérieux et autonomes du pays.

Selon nos observations, le déplacement du responsable de RSF a été principalement orienté vers des rencontres avec des représentants d’institutions étroitement liées au gouvernement. La majorité des échanges s’est concentrée sur cinq entités connues pour leur dépendance indirecte à l’État, qui ont bénéficié de financements publics importants pour la production de contenus issus des ministères et autres institutions officielles. Ces rencontres, effectuées lors d’un rendez-vous à l’hôtel « Mauri Center », ont été perçues comme une démarche de courtoisie plutôt qu’une évaluation sincère de la situation des médias indépendants en Mauritanie.

Il est important de souligner que l’un des interlocuteurs rencontrés est un employé d’une chaîne parlementaire publique, une entité qui, en tant que média d’État, ne peut être considérée comme un média libre ou indépendant. La présence de cette figure lors de la visite soulève des questions quant à l’objectivité et à la crédibilité de cette démarche.

Ce contexte confirme que la visite n’a pas été une occasion d’évaluer la réalité du paysage médiatique mauritanien dans sa diversité et sa complexité, mais plutôt une opération de courtoisie qui ne reflète pas la véritable situation des journalistes et des médias indépendants du pays.

En conséquence, nous, membres du Rassemblement des établissements médiatiques indépendants (REMI), tenons à avertir que les entités rencontrées lors de cette visite ne représentent en aucun cas la presse indépendante sérieuse ni les institutions qui œuvrent dans le respect des normes professionnelles. Nous appelons à une démarche plus transparente et sincère de la part des organisations internationales telles que RSF, afin de mieux comprendre et soutenir le travail des médias libres en Mauritanie.

Abeih Mohamed Levdhal
Président du REMI