Visées sur le territoire Algérien : le Maroc se trouve le pire avocat.

Visées sur le territoire Algérien : le Maroc se trouve le pire avocat.
La presse marocaine revient à la charge dans les visées expansionnistes du royaume sur le territoire algérien. Cette fois, c’est le pire avocat qui est engagé : un « scientifique » français auquel la communauté universitaire de son pays dénie ouvertement cette qualité et connu, du reste, comme étant le défenseur de toutes les thèses suprémacistes, racistes et colonialistes.

Début mars, le journal Maroc Hebdo avait publié une carte géographique du Maroc incluant quasiment tout le sud-ouest de l’Algérie. La provocation avait suscité de nombreuses réactions en Algérie dont la plus notable est celle du chef d’état-major de l’ANP, Saïd Chanegriha, qui a estimé qu’ « en touchant à notre souveraineté nationale et notre intégrité territoriale » les provocations du Maroc ont atteint un « seuil intolérable ».
Quelques semaines après, c’est le site le 360.ma, réputé proche du Palais royal, qui ouvre ses colonnes à l’historien français Bernard Lugan qui développe à peu près cette idée : les dirigeants de la révolution algérienne se sont engagés auprès du roi du Maroc (Mohamed V) à discuter du litige frontalier après l’indépendance, mais ils n’ont pas tenu parole.

Selon Lugan, le général De Gaulle aurait proposé à son « ami » Mohamed V de régler la question des frontières par des « discussions directes » mais sa « claire vision de la solidarité maghrébine » a fait refuser au roi la proposition qu’il a considérée comme « un coup de poignard dans le dos de nos amis algériens qui combattent ».

L’ « historien » sort même un fictif accord passé avec le GPRA (gouvernement provisoire de la République algérienne) par lequel celui-ci aurait promis la résolution du litige après l’indépendance tout en reconnaissant que la délimitation a été « imposée arbitrairement par la France ». Mais ce geste d’une « rare élégance » du roi ne sera pas « remercié par Alger », selon lui.

Au-delà de l’idée développée, complètement farfelue, l’auteur de la chronique use d’un parti pris flagrant en soutenant par exemple sur un ton affirmatif qu’une grande partie de l’ouest algérien fut de tout temps marocaine. Ou encore cette provocation supplémentaire et gratuite : De Gaulle a formulé sa proposition au moment où il a « décidé de donner son indépendance à l’Algérie » qui a vaincu le colonialisme après 130 ans de résistances et de sacrifices.

Un proche de l’extrême-droite française défend le Maroc contre l’Algérie

La chronique ne fait pas avancer d’un iota la « cause » du Maroc dans cette histoire. Bien au contraire, les Marocains avouent sans le savoir que l’idée est indéfendable au point de ne trouver qu’un tel personnage pour la soutenir.

Ce que dit Wikipédia de Bernard Lugan est très peu glorieux, en effet : son parcours est une succession de controverses et d’engagements dans les mouvements et les idées les plus exécrables.

Né à Meknès (Maroc) en 1946, Lugan a enseigné à l’université de Lyon avant d’être contesté par ses collègues qui ont remis en cause ses compétences et la qualité de ses travaux.

Une promotion qu’il a obtenue en 2001 a suscité une pétition dans laquelle des spécialistes de l’Afrique ont écrit que « les travaux de Bernard Lugan ne sont pas considérés comme scientifiques par la plus grande partie de la communauté universitaire ». Les signataires ont dénoncé chez l’historien sa vision « racialiste » de l’histoire, y compris du Maroc !

Les travaux de Lugan ont servi de support aux défenseurs de l’approche racialiste de l’histoire de l’Afrique et de l’apartheid en Afrique du Sud, ainsi qu’aux apologistes de la colonisation.

Bernard Lugan est surtout connu en France comme étant très proche de l’extrême-droite identitaire. Il a été le conseiller d’Eric Zemmour lors de l’élection présidentielle de 2022, après avoir fait pendant longtemps partie du « conseil scientifique » du Front national de Jean-Marie Le Pen.

Pour ne citer que quelques faits révélateurs de son parcours, il a fait partie en 1968 d’un commando d’extrême-droite qui traquait les activistes de gauche, il a fait surveiller son cours en 1993 par des militants d’extrême-droite et il a rédigé en 1991 un agenda en hommage à Hitler et Mussolini.

Le journaliste français Rémi Carayol résume ainsi sa pensée : Bernard Lugan cherche à promouvoir une approche essentialiste et paternaliste des peuples d’Afrique.

Ouvrir les colonnes d’un journal marocain à un tel personnage, c’est d’abord faire offense à l’histoire et à l’identité du Maroc et de l’Afrique.
Source: TSA

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