Visas Maroc : les nouvelles conditions critiquées par les Mauritaniens
Visas Maroc
Depuis quelques semaines, la délivrance des visas par l’ambassade du Royaume du Maroc à Nouakchott fait l’objet de nombreuses critiques, tant dans les cercles d’affaires que sur les réseaux sociaux. Ce mécontentement généralisé découle d’un durcissement notable des conditions d’octroi, lequel s’accompagne d’une série de pratiques jugées dégradantes par de nombreux citoyens mauritaniens.
Désormais, les demandeurs doivent non seulement s’acquitter de frais majorés, mais aussi présenter une assurance voyage valide ainsi qu’une réservation confirmée d’hôtel ou de séjour. À cela s’ajoute une organisation procédurale qui interroge : les usagers sont tenus d’attendre à l’extérieur, dans la cour de l’ambassade, exposés au soleil, avec un système de classement, évoquant davantage un dispositif de filtrage logistique qu’un service consulaire digne de ce nom.
Sur le plan formel, il convient de rappeler qu’un État souverain est libre de déterminer les conditions d’entrée sur son territoire. Le Maroc, à ce titre, agit dans le cadre de sa pleine autonomie décisionnelle. Toutefois, dans le contexte des relations bilatérales mauritano-marocaines, cette révision unilatérale des exigences vis-à-vis des citoyens mauritaniens, en particulier les touristes et hommes d’affaires, constitue un précédent préoccupant.
La question centrale n’est donc pas la légitimité de la décision marocaine — qui ne souffre guère de contestation juridique — mais l’absence de réciprocité diplomatique de la part des autorités mauritaniennes. En effet, alors que les visiteurs marocains continuent d’obtenir des visas mauritaniens de façon expéditive, aucune mesure équivalente n’a été prise pour équilibrer ce désajustement.
Il serait opportun que les services diplomatiques mauritaniens reconsidèrent leurs modalités d’octroi de visas à l’égard des ressortissants marocains, en introduisant les mêmes critères d’assurance, de justification de séjour et de prise de rendez-vous. Non pas par esprit de représailles, mais dans un souci de cohérence diplomatique, de respect mutuel et de rééquilibrage symbolique.
Quand un camionneur marocain veut venir faire du commerce à Nouakchott, il ne devrait plus être accueilli à bras ouverts sur simple présentation au kilomètre 55. Il devrait, lui aussi, faire la queue, présenter une assurance, réserver un hôtel à Nouadhibou et patienter — ne serait-ce que pour le principe — à l’ombre d’un acacia réglementaire.
Dans un contexte régional où la diplomatie devient un levier d’influence économique et politique, la souveraineté ne peut être à géométrie variable. Elle s’exerce dans les deux sens ou elle s’effrite. Le visa n’est pas seulement un document de voyage : il est un révélateur des rapports de force, des postures de respect ou de soumission, et de l’état réel de la considération réciproque entre deux États voisins.
Autrement dit, à défaut de souveraineté assumée, il ne restera plus que le soleil pour rappeler à nos concitoyens qu’ils sont bel et bien à découvert.
Mohamed Ould Echriv Echriv (Facebook)
NB: Titre Rapide info