Violences: ce que l’on sait des combats meurtriers au Soudan

Violences à Khartoum: ce que l’on sait des combats meurtriers au Soudan.

VIOLENCES – L’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo s’affrontent pour le pouvoir

20 Minutes avec AFP
Une centaine de civils ont été tués au Soudan. Les tirs et les explosions secouent Khartoum sans discontinuer ce lundi, au troisième jour de combats entre l’armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et la puissante force paramilitaire du général Mohamed Hamdane Daglo, alias Hemedti. Pris sous ces feux croisés, les civils paient le prix fort : au moins 97 d’entre eux ont été tués, rapportent le syndicat officiel des médecins – 56 samedi et 41 dimanche, pour moitié environ à Khartoum20 Minutes fait le point sur cette guerre civile.

Comment en est-on arrivé là au Soudan?

En octobre 2021, les deux généraux ont fait front commun pour évincer les civils avec lesquels ils partageaient le pouvoir depuis la chute du dictateur Omar el-Béchir en 2019. « Un mariage de raison » pour le putsch, explique le chercheur Hamid Khalafallah. « Ils n’ont jamais eu de partenariat sincère mais des intérêts communs face aux civils ». Les brèches de l’union sacrée sont rapidement apparues au grand jour. Hemedti, le patron des Forces de soutien rapide (FSR), a plusieurs fois dénoncé l’« échec » d’un putsch qui a réinstauré « l’ancien régime » de Béchir, selon lui.

Puis le conflit s’est intensifié quand il a fallu signer les conditions d’intégration de ses hommes aux troupes régulières, dans le cadre de l’accord avec les civils qui devait relancer la transition démocratique. Pour les experts, cet accord a ouvert la boîte de Pandore : en laissant les militaires négocier entre eux, « Hemedti est passé du statut de second à celui d’égal de Burhane », affirme Kholood Khair, qui a fondé le centre de recherche Confluence Advisory à Khartoum.

Se sentant « plus autonome face à l’armée », Hemedti a vu une opportunité de réaliser « ses très grandes ambitions politiques », abonde Alan Boswell, en charge de la Corne de l’Afrique à l’International Crisis Group. Depuis des semaines, les 45 millions de Soudanais regardaient, anxieux, le fossé se creuser entre le commandant de l’armée et son numéro deux. Samedi, leurs hommes se sont lancés dans une bataille rangée et depuis, Khartoum et d’autres villes tremblent sous les tirs et les raids aériens.

Qui sont les FSR ?

Créées en 2013, les FSR regroupent des milliers d’anciens Janjawids, ces miliciens arabes recrutés par Omar el-Béchir pour mener la politique de la terre brûlée au Darfour (ouest). Ce conflit, qui a éclaté en 2003 entre Khartoum et des membres de minorités ethniques non-arabes, a fait quelque 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU. Et valu au dictateur soudanais deux mandats d’arrêts de la Cour pénale internationale (CPI) pour « crimes de guerre », « crimes contre l’humanité » et « génocide ».

En 2015, les FSR ont rejoint la coalition emmenée par les Saoudiens au Yémen et, selon des experts, certains de ses hommes combattent aussi en Libye, renforçant les réseaux internationaux de leur patron. En 2019, les FSR ont été accusées d’avoir tué une centaine de manifestants prodémocratie à Khartoum. Mais malgré tout, « elles ont continué à renforcer leur pouvoir ».

Quelles sont les réactions internationales ?

Les chefs de la diplomatie américain et britannique, réunis au Japon pour un sommet du G7, ont appelé ce lundi à la « cessation immédiate » des violences. « Il y a une forte inquiétude partagée au sujet des combats, de la violence qui sévit au Soudan, de la menace que cela représente pour les civils, pour la nation soudanaise et même potentiellement pour la région », a affirmé le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken dans une déclaration aux côtés du ministre britannique des Affaires étrangères James Cleverly.

« Nous leur demandons de donner la priorité à la paix, de mettre fin aux combats et de reprendre les négociations. C’est ce que veut le peuple soudanais, c’est ce que mérite le peuple soudanais », a déclaré pour sa part James Cleverly. De son côté, le chef de la mission de l’ONU au Soudan, Volker Perthes, s’est dit « extrêmement déçu » que l’armée et les paramilitaires n’aient que « partiellement respecté » les trois heures de « trêve humanitaire » qu’ils avaient dit accepter dimanche, au lendemain du début des hostilités.

Dimanche, la France avait exprimé « sa consternation » après le décès de plusieurs travailleurs humanitaires du Programme alimentaire mondial (PAM) et de l’ONG Relief International. Paris réitérait alors « son appel à tout mettre en œuvre pour faire cesser les combats et prévenir toute escalade » et appelle au « plein respect de la protection due aux personnels humanitaires », dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères.

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