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Va-t-on un jour parler de Nation mauritanienne ?

Va-t-on un jour parler de Nation mauritanienne ?

La réponse à cette question est pratiquement déjà établie. Si plusieurs groupes ethniques décident, de manière délibérée ou non, de former un État, ils se dirigent soit vers l’intégration, soit vers la confrontation, et leur projet collectif se terminera en queue de poisson, à moins que les responsables de cet État ne prennent les mesures nécessaires pour mettre tout le monde en ordre serré.
Cela commence par établir les bases d’une véritable unité nationale. Pour atteindre cet objectif, il est impératif d’accepter le principe presque universel d’une langue commune. Un pays qui ne parviendra pas à franchir cette étape n’ira pas loin. Sa monture est mal ménagée.
Pensez-vous que notre pays passera de la bantoustanisation linguistique à la balkanisation ?
Il est évident qu’il y aurait de sérieux risques si nous devions officialiser la langue de chaque ethnie. Si notre unité n’avait pas été renforcée par l’emploi de deux langues, l’arabe et le français, l’ajout de trois autres ne feraient qu’augmenter les replis identitaires et, par conséquent, les frictions interethniques.
Notre parlement est déjà un foyer de confusion linguistique où les députés ethnicistes persistent à ne parler que dans leurs langues maternelles.
La prochaine fois, ce sera le tour du Conseil des ministres, puis de l’Administration publique. Une fois que nous aurons atteint cette dernière étape, l’insolite sera roi. Par exemple, si un administré maure présenterait sa demande manuscrite en arabe à son administrateur halpulaar, celui-ci lui demandera de la lui faire dans sa langue maternelle, à lui. Pareil pour le Soninké et le Wolof, et vice versa. N’est-ce pas que toutes les langues sont équivalentes et sont toutes reconnues comme officielles ?
Lors de la dernière investiture du Président Ghazouani, le président du Conseil constitutionnel, qui est censé respecter la constitution, avait délibérément repris un proverbe pulaar qu’il a répété deux fois pour que l’audience comprenne que l’exclusivité de la langue arabe n’est pas un fait accompli.
C’est exact. Alors, le ‘on ne nous imposera jamais la langue arabe’, se verra opposé un autre leitmotiv, tout aussi tranchant : ‘on ne nous imposera jamais la langue peule’.
Cela est tout à fait normal. Nous ne sommes pas encore une nation au sens authentique, et nous ne sommes pas encore une population balkanisée, constituée en micro-États fédérés, même si les ethnicistes poulo-toucouleurs parlent de pays multinational.
Ely Ould Sneiba
Le 24 novembre 2024

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