Urgence d’une voix : Interpellation sur les violations des droits des migrants et l’obstruction Parlementaire
Urgence d’une voix : Interpellation sur les violations des droits des migrants et l’obstruction Parlementaire
Dans une démarche courageuse, la députée Kadiata Malick Diallo interpelle le Ministre de l’Intérieur sur les expulsions massives d’étrangers en situation irrégulière, dénonçant des violations des droits humains alarmantes. Malgré l’urgence de la situation, son interpellation et les demandes d’enquête sont systématiquement rejetées par une majorité parlementaire qui entrave le contrôle démocratique. L’honorable députée Kadiata Malick Diallo met en lumière dans le texte-ci dessous la crise actuelle de la légitimité parlementaire et la nécessité de défendre les droits fondamentaux au sein de notre institution.
Le 03 avril 2025, suivant le pouvoir que la Constitution confère au Parlement et conformément aux dispositions du règlement de l’Assemblée nationale, j’ai adressé une interpellation au Ministre de l’Intérieur, de la promotion de la décentralisation et du développement local. Cette interpellation porte sur les expulsions massives d’étrangers qui se trouveraient en situation irrégulière dans notre pays. Selon les témoignages des victimes, des organisations de défense des droits de l’homme crédibles comme l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH), et des élus parlementaires, ces expulsions se font avec des violations graves des droits des migrants, provoquant des situations de profonds malaise et d’indignation de pays frères et voisins et exposant nos propres ressortissants dans ces pays-là, à des risques de représailles. L’interpellation est motivée par l’urgence et la gravité de la situation qui n’est pas sans rappeler les tristement célèbres événements de 1989 dont nous continuons à payer le prix.
La conférence des présidents, au cours de sa réunion du lundi 07 avril 2025, a tout simplement rejeté l’interpellation, sans le mentionner dans son procès-verbal.
On se rappelle aussi le rejet de la demande de constitution d’une commission d’enquête parlementaire formulée par notre groupe parlementaire Espoir Mauritanie, par le bureau de l’Assemblée, au mois d’octobre dernier, sous le prétexte de l’absence de prévisions budgétaires.
On assiste donc à un blocage systématique du contrôle du Parlement de l’action du gouvernement. Même les questions orales sont volontairement retardées dans leur programmation, entravant ainsi le traitement des sujets d’actualité qui les motivaient, avec le risque de les voir dépassés par les événements.
Le moins, qu’on puisse dire est que ́la fonction législative ne se porte pas mieux. La majorité mécanique, par un jeu déloyal, empêche aux députés de l’opposition de pouvoir défendre en séances plénières leurs propositions d’amendement aux projets de loi qui leur sont soumis. La chaîne parlementaire n’est plus que l’ombre d’elle-même, se limitant à la simple retransmission des interventions des députés au cours des séances plénières.
Avec ces pratiques, on ne peut nullement parler de fonctionnement normal des institutions, comme on le clame partout et à toutes les occasions.
Je saisis cette occasion pour:
– Dénoncer avec la plus grande fermeté l’obstruction de l’action parlementaire et le musellement des députés de l’opposition.
– Fustiger la réduction de l’Assemblée nationale à une chambre d’enregistrement
– Prendre à témoin l’opinion sur le non-respect, par la majorité parlementaire, des dispositions constitutionnelles du pays et du règlement de l’Assemblée nationale.
Nouakchott, le 09 avril 2025
Kadiata Malick Diallo
Députée à l’Assemblée nationale