Unité nationale en Mauritanie : analyse et appel à la cohésion
Analyse de la crise identitaire en Mauritanie et appel à l’unité nationale fondé sur la justice, l’éducation et la reconnaissance de la diversité.
La Mauritanie ne souffre pas d’un excès de discours sur l’unité nationale, mais d’un déficit de convergence entre la réflexion intellectuelle et l’engagement citoyen. Rares sont pourtant les moments où ces deux dimensions se rejoignent avec autant de clarté que dans l’analyse développée par Ahmed Ould Bettar sur la crise identitaire mauritanienne et dans l’Appel à l’unité nationale que nous avons lancé au peuple mauritanien.
L’un éclaire les racines profondes du malaise national, l’autre s’adresse aux consciences pour appeler au sursaut collectif. Ensemble, ces deux démarches dessinent les contours d’une même ambition : bâtir une unité nationale solide, inclusive et durable, sans nier la diversité qui fait la richesse de notre pays.
Une même lecture de la crise : l’unité fragilisée par l’exclusion et la peur
L’analyse d’Ahmed Ould Bettar part d’un constat central : la question identitaire en Mauritanie est ancienne, cyclique et structurelle. Elle ressurgit chaque fois que l’État échoue à proposer un projet national capable de dépasser les appartenances primaires sans les écraser.
Cet état de fait rejoint pleinement notre appel, lorsque nous rappelons que les périodes de tensions et de discordes ont freiné le développement du pays et affaibli la confiance entre les citoyens. Dans les deux cas, la crise n’est pas perçue comme le produit d’une diversité excessive, mais comme le résultat d’une mauvaise gestion politique, sociale et mémorielle de cette diversité.
Rejet commun des extrêmes : ni uniformité forcée, ni éclatement communautaire
Là où l’analyse d’Ahmed Ould Bettar apporte une contribution majeure, c’est dans sa critique du faux dilemme identitaire. La Mauritanie, démontre-t-il, ne peut survivre :
- ni comme État assimilationniste niant sa pluralité historique,
- ni comme État multinational organisé sur des bases ethniques ou linguistiques.
Cette position rejoint l’esprit de notre appel, qui invite les Mauritaniens à dépasser leurs différences sans les transformer en lignes de fracture politique. L’unité nationale n’implique ni l’effacement des cultures, ni leur instrumentalisation.
Dans les deux approches, le communautarisme apparaît comme une impasse dangereuse, au même titre que l’uniformité imposée, car tous deux fragilisent l’État et minent la cohésion sociale.
Éducation et justice sociale : socles partagés de la cohésion nationale
L’analyse insiste sur l’importance d’une politique éducative inclusive et d’une approche linguistique fondée sur la pédagogie plutôt que sur la contrainte. Cette vision rejoint directement notre conviction que l’éducation est la clé de l’unité nationale, car elle permet de combattre l’ignorance, les stéréotypes et les préjugés.
De même, la justice sociale occupe une place centrale dans les deux discours. Sans égalité des chances, sans accès équitable aux services de base et sans reconnaissance de la dignité de chaque citoyen, aucun projet national ne peut tenir dans la durée.
L’islam et l’État : un socle éthique, non un outil d’exclusion
Autre point de convergence fondamental : le rôle de l’islam.
Dans l’analyse d’Ahmed Ould Bettar, l’islam est présenté comme un référent éthique commun, mais insuffisant s’il est utilisé pour masquer les injustices ou nier les réalités sociales. Notre appel s’inscrit dans la même logique : la foi doit unir les cœurs, non se substituer à une politique juste et inclusive.
L’État, quant à lui, est appelé à rester unitaire, non ethnique et impartial, garant de l’égalité entre tous les Mauritaniens.
Conclusion : de l’analyse à l’action collective
L’analyse intellectuelle et l’appel citoyen ne s’opposent pas ; ils se complètent.
L’une met en garde contre les dérives idéologiques et les illusions dangereuses, l’autre mobilise autour de valeurs concrètes : solidarité, dialogue, justice et respect mutuel.
La cohésion nationale mauritanienne ne naîtra ni de la peur de l’autre, ni de la négation de soi, mais d’un projet national lucide, inclusif et profondément ancré dans notre histoire commune.
C’est à ce prix que la Mauritanie cessera de survivre dans la crispation pour enfin avancer dans la concorde.
Dème AbdoulAziz



