Une réponse éclairée aux propos d’Ely Ould Sneïba*
*Une réponse éclairée aux propos d’Ely Ould Sneïba*
Dans ses propos, en tant qu’amateur de littérature, ce qui m’étonne beaucoup, c’est lorsqu’il affirme : « on est constamment confronté à une littérature abondante anti-beidane, chargée de haine et de propos raciste… ».
D’abord, si Ould Sneïba connaît bien la signification exacte du mot littérature, il ne devrait pas l’utiliser dans son discours, car en aucun cas il n’a cité un auteur ou une œuvre. Si c’est ce qu’il maintient, je pense que son raisonnement est faux. Ses propos relèvent d’un discours divisionniste, injurieux et fallacieux.
Depuis la naissance de la littérature mauritanienne jusqu’à nos jours, aucun écrivain de la communauté négro-mauritanienne n’a produit une œuvre haineuse ou raciste envers les Beïdanes. Si nous voulons construire une unité nationale et une bonne cohabitation, je pense qu’il est essentiel de lire et de promouvoir les œuvres littéraires mauritaniennes. Les écrivains comme Oumar Ba, Assane Youssouf Diallo, Djibril Zakaria Sall ou Ousmane Moussa Diagana ont démontré que la question de l’identité et de l’unité mauritanienne ne peut se réduire à des oppositions caricaturales entre communautés. Ces auteurs mettent en lumière les dynamiques complexes entre cultures et langues, tout en appelant à une reconnaissance mutuelle.
D’autres écrivains comme Mahamadou Sy, Bios Diallo, Mama Moussa Diaw ou Mamadou Kalidou Ba ont dénoncé pacifiquement les inégalités structurelles et les injustices, sans pour autant sombrer dans le rejet de l’autre.
En somme, les propos d’Ely Ould Sneïba trahissent une lecture biaisée des réalités sociales et littéraires mauritaniennes. Toutes les œuvres littéraires mauritaniennes francophones témoignent d’une aspiration à la justice, à la paix et à l’égalité. Elles sont l’antithèse de la haine ou de la division, et constituent un pont entre les différentes communautés mauritaniennes.
Comme Ould Sneïba semble mal connaître la situation géographique du Sud, j’aimerais finir mon texte par un poème d’Oumar Ba, Fouta Toro, qui nous décrit le Sud de la Mauritanie :
*Fouta Toro*
« D’une rive à l’autre, l’on trouve les mêmes mœurs, les mêmes costumes, le même parler, la même structure économique. Pour tout dire, les mêmes ethnies, parfois le même village à cheval sur le fleuve. Mieux, un riverain n’a-t-il pas souvent ses terrains sur la rive opposée ? De nos jours, l’on voit encore un Sénégalais recensé et imposé donc en Mauritanie. L’inverse n’est pas rare.
Toute gaieté dorénavant, l’indépendance aidant
Il y a des nationaux mauritaniens
Il y a des nationaux Sénégalais
Pour tout compliquer, carte d’identité nationale, passeport. Demain le frère s’opposera-t-il au frère étranger ? Ce sera le jour de gloire, hein ! Balkanisation, je ne forge point. »
Ce poème d’Oumar Ba, écrit avant même les indépendances, montre la situation géographique du Sud et souligne que les frontières ont été créées par les colons.
*Oumar Ba*
*Le 08/12/2024*
@Patiotes_unis