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Quand Trump re-twitte l’Afrique : chronique d’un sommet à l’arôme minéral et au goût de golf

Ah, Donald Trump et l’Afrique : un duo aussi improbable que du couscous à la mayonnaise… et pourtant, le plat est servi, tiède, mais avec garniture géopolitique croustillante.

Imaginez la scène : la Maison Blanche façon émission de téléréalité. Tapis rouge déroulé pour cinq présidents ouest-africains — ceux du Gabon, de la Guinée-Bissau, du Libéria, de la Mauritanie et du Sénégal — réunis pour une réunion multilatérale « stratégique ». Entendez par là : une table ronde sur fond de minerais critiques, selfies diplomatiques, et commentaires bien sentis du patron du golf club mondial, alias Donald J. Trump.

Le décor est planté : une Afrique aux ressources généreuses, aux ambitions commerciales croissantes, face à un président américain qui a autant de diplomatie qu’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Trump, fidèle à lui-même, n’a pas déçu : entre deux clins d’œil à ses parcours de golf et une remarque linguistique sur l’anglais du président libérien (« Vous parlez mieux que certains à cette table ! »), il a proposé du deal, de la défense et… du déjà-vu.

Mais attention, ne soyons pas injustes : il y a dans tout cela une logique, disons… trumpienne. Le slogan « Make America Great Again » est maintenant flanqué d’un petit sticker discret : « With African minerals ». Car oui, l’Afrique, autrefois considérée par Trump comme un lointain décor de safari diplomatique, devient soudain le théâtre d’un regain d’intérêt américain — à condition, bien sûr, que l’on puisse y extraire du lithium ou du cobalt pour smartphones et missiles.

À ce mini-sommet façon « speed dating géopolitique », chaque chef d’État y est allé de sa meilleure posture : le président sénégalais a parlé de golf (stratégie ou flatterie ?), Ghazouani a récité le catalogue minéral de la Mauritanie comme un CV sur LinkedIn, et Embaló a promis de se rappeler de cette visite comme d’un premier rendez-vous amoureux.

Mais derrière l’humour et les poignées de main, le message est clair : Trump veut faire des affaires, et vite. Il évoque le soutien au développement, tout en fermant l’USAID. Il promet d’alléger les barrières tarifaires, mais en annonce de nouvelles sur 14 pays africains, dont l’Algérie, la Libye et l’Afrique du Sud. Un coup de carotte, un coup de bâton. Et surtout, une immense capacité à souffler le chaud et le froid avec la même coiffure.

Et que dire de l’Afrique du Sud ? Cyril Ramaphosa, accusé de se plier à Washington comme un roseau sous les vents d’AGOA, voit ses relations diplomatiques se tendre comme un élastique trop usé. L’expulsion de son ambassadeur des États-Unis ? Un tweet plus tard, et l’affaire est pliée. Réforme agraire, accusations de génocide, tensions avec Israël… la diplomatie du « je t’aime moi non plus » n’a jamais été aussi… divertissante.

Côté africain, la ZLECA (Zone de Libre-Échange Continentale Africaine) continue pourtant de tracer sa route, lentement mais sûrement. L’Afrique essaie de se voir autrement : non plus comme une mine à ciel ouvert, mais comme un marché, un partenaire, un espace de souveraineté. Un rêve ? Peut-être. Mais un rêve moins risible que les blagues trumpiennes sur les accents anglais.

Alors oui, on sourit. Oui, on rit. Mais entre les punchlines de Trump et les poignées de main présidentielles, une vérité s’impose : l’Afrique n’est plus invisible. Elle est courtisée, souvent pour de mauvaises raisons, parfois pour les bonnes. Et peut-être qu’au milieu des discours, des selfies diplomatiques et des projets de parcours de golf sénégalais estampillés « Trump International », un petit bout de réel partenariat émergera.

En attendant, chers amis, servez-vous une tasse de rooibos, installez-vous confortablement, et profitez du spectacle. Car avec Trump, l’Afrique n’est pas seulement un continent d’avenir — elle est devenue, à son insu, un épisode entier de la Géopolitique Show.

PS : À quand un tournoi Trump Africa Open ? Premier prix : un contrat minier et un tweet d’approbation présidentielle.

Ahmed Ould Bettar

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