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Ce que parler veut dire : la parole présidentielle et les enjeux du dialogue national en Mauritanie

Tribune de S.E. Abdellahi Naji Kebd sur la parole présidentielle, le dialogue national envisagé par Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et les enjeux démocratiques.

Dans cette tribune, S.E. Abdellahi Naji Kebd analyse la parole du Président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, clarifie les débats sur une éventuelle révision constitutionnelle et éclaire les motivations profondes de l’appel au dialogue national inclusif. Une réflexion sur le devoir, la parole donnée et la consolidation démocratique.

Ce que parler veut encore dire …

Le propos du Président

Le Président est comptable et responsable , seulement, de ce qu’il dit , pas de ce que certains disent en avoir entendu … surtout pas des interprétations un brin fantaisistes où certains lui font dire ce qu’ils ont envie d’entendre et se mettent à y inclure leurs rêves les plus improbables …

L’à-propos du Président

De même , le Président n’est pas sensé réaliser les projets, programmes et promesses politiques de ses adversaires : qu’ils soient , du reste , déçus de ce qu’il entreprenait , et/ou entreprendrait , serait la situation normale en démocratie .

Temps d’agir

Le 29 juin 2024 , les mauritaniens ont élu M. Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani pour mettre en œuvre son programme: « Mon ambition pour la Patrie « . Il s’y attelle et y engage son gouvernement , jour et nuit . C’est sa mission pour les quatre prochaines années. Rien , ni personne , ne l’en distraira .

Révision constitutionnelle possible ?

Lors de sa récente visite au Hodh Charghi , le Président de la République a listé , sur le ton de l’énumération la plus exhaustive , les sujets de débat possibles impliquant de potentielles révisions de la Constitution. En la matière, il n’a pas exprimé de préférence. Il garde sa position constitutionnelle d’arbitre : il veut laisser les mauritaniens débattre en toute liberté , sans peser sur leurs choix et opinions , et être , à la conclusion du processus , celui qui met en œuvre leurs convergences.

Quelles limites se donnerait le Président ?

Je ne sais donc pas quelles sont ses intimes inclinaisons sur les questions du dialogue , mais je peux m’avancer , catégorique , sur une certitude : il ne touchera jamais aux articles limitant à deux les mandats présidentiels. L’honneur de l’officier , le respect de la parole donnée et le peu d’appétit pour les attraits du pouvoir : tous ces éléments concourent à l’immuniser de pareil naufrage.

Le dialogue

Par vertu personnelle , mélange de penchant caractériel démocratique et de bienveillance atavique, pour tenir une promesse de campagne , il veut convier les acteurs politiques , ses opposants autant que ses partisans, à un débat/dialogue national inclusif.
Il n’y est contraint par aucun texte. Il n’y est acculé par aucune conjoncture politique défavorable. Il n’y vise à satisfaire aucun intérêt particulier qu’il ne pourrait atteindre autrement. Il n’y met aucune malice manœuvrière contre quiconque. Que veut donc le Président ? Il n’y a consenti , ni par caprice , ni par l’absurde .

Qu’y vise-t-il alors comme objectif ?

Son regard se porte probablement sur trois horizons lumineux.
Primo , tenir simplement sa parole donnée aux mauritaniens , lors de la dernière campagne électorale . Seule cette promesse l’oblige .
Secundo , donner au pays des chances supplémentaires d’avancer sur des bases solides , celles que procure uniquement le plus large consensus entre les différents protagonistes politiques.C’est particulièrement vrai à propos des règles applicables à la compétition électorale.
Tertio , imprimer sa marque , pour l’Histoire , la grande , au Destin démocratique, stable et durable du pays auquel il aura donné des atouts robustes pour l’avenir… C’est peut-être seulement cet ultime élément que l’on pourra lui imputer comme satisfaction personnelle : mais alors pour avoir ainsi tant inlassablement œuvré pour le bien collectif, pourquoi serions-nous si avares pour le chipoter sur un tel légitime prestige ?!

Nous lui revaudrons alors bien davantage …

Il y va donc clairement et cumulativement par sens du devoir, de l’intérêt bien compris du pays et de la parole donnée . Rien n’est pire que de se méprendre sur ces authentiques ressorts de la volonté présidentielle. Ce n’est certainement pas une faiblesse pour le Président de s’y engager. Ce n’est sûrement pas une reddition pour les opposants d’y prendre part.
Bien cadré sous l’angle juridique , bien préparé sur le plan politique , bien géré lors de ses délibérations , un tel conclave pourrait être fort utile au pays tout entier …

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