Quand le fait tribal fragilise l’État : plaidoyer pour une gouvernance institutionnelle
Analyse critique du tribalisme dans l’État moderne, ses dangers politiques et sociaux, et l’urgence d’une gouvernance fondée sur les institutions.

Thème: gouvernance
De plus en plus, il circule sur les réseaux sociaux des propos et des réunions à caractère tribal allant parfois jusqu’à proclamer l’institutionnalisation affichée du phénomène.
Je souhaite simplement rappeler a ce sujet certaines réalités dont il me semble que nous devrions tous prendre conscience et en premier lieu les gouvernants
Avant l’émergence de l’État , le système d’organisation tribal assurait, tout en étant foncièrement inégalitaire, une forme de stabilité relative entre des entités distinctes, régies par des codes sociaux et coutumiers précis. Il constituait un cadre de solidarité économique, social et guerrier face aux autres tribus, tout en étant marqué par des affrontements fréquents, aussi bien entre tribus qu’au sein des tribus elles-mêmes. En ce sens, le système tribal porte dans ses gènes les germes de la violence, de la division et de l’exclusion.
Dans un État unitaire de création récente, la persistance du fait tribal représente un danger majeur. Elle se traduit notamment par un conflit de loyautés, une fragmentation politique excessive, un affaiblissement de l’État de droit, une entrave à la méritocratie, des dynamiques d’exclusion et de tensions identitaires, ainsi que par la manipulation du fait tribal par les élites à des fins de pouvoir, autant de facteurs qui fragilisent l’unité nationale et la cohésion sociale.
Si le système tribal survit aujourd’hui en tant que cadre politique majeur, c’est en grande partie parce que l’État adopte une gouvernance qui contourne les partis politiques et la société civile, faisant de la tribu l’interlocuteur privilégié et le principal tremplin d’accès aux fonctions publiques. Il devient alors urgent de prendre conscience des dangers sous-jacents de ce levier tribal et de s’orienter vers une véritable institutionnalisation de la vie administrative et politique. Le principe du « diviser pour régner » en organisant la concurrence entre les tribus et en leur sein a fait son chemin et constitue désormais une menace réelle pour un pays à la population diversifiée, évoluant dans un environnement régional et mondial en pleine effervescence.
Nana Mint Cheikhna Mohamed Laghdaf



