Sénégal

Travailleuses domestiques à Dakar : plongée au cœur des abus

Travailleuses domestiques à Dakar : plongée au cœur des abus

Dans les quartiers chics de Dakar comme dans la banlieue, les travailleuses domestiques souvent appelées «bonnes», assurent l’essentiel du travail de maison, sans jamais figurer dans les priorités. Elles cuisinent, nettoient, gardent les enfants, travaillent sans horaires fixes ni contrats écrits, et touchent à peine de quoi survivre. Derrière ces visages fatigués se cachent des histoires de courage et de résignation. Aïssatou incarne ce quotidien fait de sacrifices et de souffrances. Agée de 23 ans, elle a quitté Ngoye, son village situé dans le département de Bambey, au centre du Sénégal, avec l’espoir de «trouver mieux». Ce qu’elle a trouvé : une vie d’ombre dans une maison qu’elle ne quitte qu’une fois tous les quinze jours. Sur rendez-vous, nous rencontrons Aissatou le samedi 24 mai 2025, à l’arrêt de la ligne 44 en direction de Petit-Mbao, en banlieue dakaroise, où elle passe ses rares jours de repos. Employée comme aide-ménagère, elle assure différentes tâches domestiques – ménage, cuisine, lessive – sans horaires définis. Pour ce travail à temps plein, elle perçoit un salaire mensuel de 40 000 francs CFA. Elle ne dispose ni de contrat écrit, ni de couverture sociale. «Je fais le ménage, je cuisine, je fais le linge aussi, parfois. Ce n’est pas facile… mais au moins, je gagne un peu d’argent. J’aurais aimé avoir un travail moins difficile et plus payant. Puisque je ne le trouve pas, je suis obligée de me contenter de ce que je fais actuellement», confie-t-elle, le regard baissé.

Comme elle, Sokhna, 22 ans, taille moyenne, teint clair, travaille dans des conditions difficiles. Depuis huit mois, elle est employée dans une maison à Liberté 4. Ses journées de travail commencent à 6 heures du matin et se terminent après 22 heures. La nuit, elle dort avec les deux enfants de sa patronne. Quand l’un d’eux se réveille en pleurs ou a besoin d’aller aux toilettes, c’est encore elle qui s’en charge. Mais ce qui la chagrine le plus au quotidien, ce n’est ni la surcharge de travail ni les heures interminables, mais plutôt les engueulades répétées de sa patronne. «Elle me crie dessus à la moindre erreur, devant les voisins», raconte-t-elle. Un simple oubli – comme ne pas avoir rangé les assiettes après les avoir lavées- lui vaut une colère. «Un jour, elle m’a traitée de bonne à rien», se souvient-elle, le regard trouble. «Ce sont ses cris qui me font le plus mal, pas le travail», glisse-t-elle. Ce climat permanent use son moral. Sokhna pense parfois à tout abandonner et partir. «Parfois, je songe à quitter mon job et aller chercher ailleurs. Mais, je n’ai pas la garantie de trouver mieux. A Dakar, la plupart des employeurs nous voient du même œil, nous les bonnes», dit-elle, résignée. Comparé à celui de Aissatou, son salaire reste plus élevé. Sokhna touche 60 000 francs CFA par mois.

Source: walf-groupe.com

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