Modernisation des médias publics : la Mauritanie inaugure sa première station de diffusion numérique terrestre(TNT)

TNT
La Mauritanie franchit un cap majeur dans la modernisation de ses médias publics avec l’inauguration de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) à Nouakchott. Présenté comme un outil de souveraineté et d’accès équitable à l’information, ce projet soulève à la fois des espoirs technologiques et des interrogations sur l’indépendance éditoriale.

Nouakchott – 21 juillet 2025
Par la Rédaction de Rapide Info

Dans une cérémonie aux allures de vitrine technologique et politique, le ministre de la Culture, El Housseine Ould Medou, accompagné de son homologue de la Transformation numérique, a procédé lundi à l’inauguration de deux projets majeurs dans le domaine des médias publics. Au cœur de cette initiative : le lancement officiel de la Télévision Numérique Terrestre (TNT) à Nouakchott, et la mise en service d’une nouvelle tour de diffusion moderne, censée garantir la stabilité et la qualité des transmissions.

Ces projets marquent une étape symbolique dans la volonté du gouvernement de rompre avec une ère de vétusté technologique et d’insuffisances structurelles au sein des institutions médiatiques nationales. La Mauritanie rejoint ainsi le mouvement de transition numérique impulsé par la Convention de Genève de 2006, qui engage les États à abandonner progressivement l’analogique au profit du numérique terrestre.

Le discours du ministre a mis l’accent sur la portée stratégique de la TNT, présentée non seulement comme un progrès technique, mais aussi comme un outil de souveraineté nationale. Il s’est agi de souligner la capacité de l’État à « maîtriser son espace audiovisuel » et à « libérer les citoyens de la dépendance aux médias extérieurs ». L’intention affichée : faire des médias publics un levier d’identité, de développement et d’accès équitable à l’information.

Le directeur général de la Société mauritanienne de radiodiffusion et de télévision (SMRTV), Mohamed Ould Sid’Ahmed Vall dit Boyati, a quant à lui rappelé le chemin parcouru. Encore récemment, la SMRTV peinait à couvrir l’ensemble du territoire avec des équipements obsolètes et un réseau défaillant. La nouvelle infrastructure — une tour de 120 mètres et une station satellite de dernière génération — promet une couverture étendue et une qualité d’image et de son améliorée.

Mais au-delà des déclarations enthousiastes, plusieurs observateurs restent prudents. Si la modernisation technique est saluée, la question de l’indépendance réelle des médias publics demeure posée. Le contrôle de l’État sur les contenus, l’absence de diversité éditoriale et le manque d’ouverture à la société civile freinent l’émergence d’un paysage médiatique pluraliste et critique.

En dotant le pays d’outils technologiques modernes, le gouvernement envoie un signal fort sur sa volonté de maîtriser la diffusion de l’information. Reste à savoir si cette ambition servira véritablement le droit du citoyen à une information libre et pluraliste, ou s’il ne s’agira que d’un monopole audiovisuel plus performant, au service d’un discours officiel renforcé.