Sous les dorures du Conseil, les secousses du pouvoir : vers un remaniement ministériel ?
Secousses du pouvoir
Par Rapide info
Le Conseil des ministres du 23 juillet 2025 n’était pas une simple réunion de routine. Derrière la technicité des textes adoptés et la cadence rodée des communications officielles, les observateurs les plus avertis entendent un autre langage. Celui, plus subtil, des signes avant-coureurs d’un basculement politique : un remaniement ministériel que beaucoup pressentent comme imminent.
Tout y était. Une rafale de projets de loi à fort contenu stratégique, une mobilisation budgétaire de grande ampleur, des annonces retentissantes dans des secteurs sensibles – mines, agriculture, environnement –, et surtout, un ton solennel, presque martial, dans la manière dont les réformes ont été présentées. Comme si l’exécutif voulait marteler une chose : « Nous gardons la main, mais les choses doivent changer. »
La finance publique comme thermomètre politique
Premier acte fort : la loi de finances rectificative. Ce n’est pas simplement une mise à jour comptable. C’est un recadrage. Un signal clair que l’exécutif souhaite réaligner l’économie sur les priorités présidentielles, notamment les programmes emblématiques « Nouakchott 2030 » et l’accès aux services de base en zones rurales. Derrière les chiffres, une exigence : que chaque ouguiya serve la visibilité politique du Chef de l’État à l’approche de la seconde moitié de son mandat. Un signal adressé, aussi, à ceux des ministres qui peineraient à transformer l’ambition présidentielle en résultats tangibles.
Le secteur minier : une réforme taillée pour l’histoire
Le projet de réforme du code minier n’est pas anodin. Il touche aux fondements de la souveraineté économique, en renforçant la participation de l’État et en imposant de nouvelles obligations environnementales et sociales aux compagnies. L’introduction d’une taxe carbone, l’obligation de contenu local, la formation nationale obligatoire… Tous les ingrédients d’un repositionnement idéologique sont là.
Mais qui portera ces réformes au sein de l’appareil gouvernemental ? Quels profils seront jugés suffisamment crédibles pour incarner cette exigence de transparence, de souveraineté et de durabilité ? Ces questions résonnent comme autant d’avertissements aux actuels titulaires des portefeuilles concernés.
Une vitrine agricole reliftée à la hâte ?
La présentation détaillée de la campagne agricole 2025-2026 a toutes les apparences d’un dossier verrouillé. Pourtant, le niveau de détail – allant jusqu’au nombre de pompes solaires ou de kilomètres de clôtures maraîchères – suggère une volonté fébrile de convaincre. Car si les résultats de la campagne précédente sont jugés « bons », l’ambition proclamée d’atteindre la souveraineté alimentaire est encore loin. Ce qui amène à s’interroger : le ministre en charge a-t-il encore la confiance présidentielle ? Ou cette surcommunication masque-t-elle une transition en cours ?
Un Conseil de ministres devenu tribunal silencieux
Les communicants de la Présidence ont habillé ce Conseil d’une narration positive : rigueur budgétaire, relance verte, modernisation minière, relèvement agricole… Mais pour les lecteurs du pouvoir, ce compte-rendu est aussi un réquisitoire. Aucun nouveau ministre nommé, mais un décret pour désigner les membres d’un Conseil d’administration ; aucune prise de parole remarquée, mais des textes lourds de conséquences. Et ce silence autour des hommes – et femmes – en charge de ces portefeuilles ne peut qu’alimenter les spéculations.
Dans les arcanes du pouvoir, on dit que lorsqu’un chef d’État prépare un remaniement, il commence par reprendre le stylo budgétaire, resserre les lignes stratégiques, puis teste les ministres sur leur capacité à suivre. Ce Conseil en a tous les airs. Il est le miroir d’une impatience présidentielle, et peut-être même le prélude d’un recadrage politique.
La rumeur, ce murmure d’État
À Nouakchott, les couloirs bruissent déjà. Noms avancés, portfolios redistribués, profils recyclés ou remerciés… Rien de concret, mais tout un climat. Et dans ce genre de ballet, ce ne sont pas les annonces officielles qui comptent le plus, mais ce que l’on tait, ce que l’on reporte, ce que l’on entoure de solennité feutrée.
Le Président Ghazouani n’est pas homme à improviser. Mais lorsqu’il décide, il tranche. Et après un tel Conseil des ministres, une chose est certaine : le sable du temps politique s’est remis à couler. Les ministres sont prévenus.
Le compte à rebours est lancé.