Sommet européen : nouvelle proposition sur le plan de relance pour amadouer les Etats « frugaux »

Faute de compromis, le sommet européen se poursuit

Malgré une proposition révisée offrant davantage de gages aux pays dits « frugaux », Pays-Bas en tête, les Vingt-Sept ne se sont pas accordés. Ils se retrouvent ce dimanche.

Mark Rutte, Angela Merkel, Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron et Charles Michel, au sommet européen, le 18 juillet à Bruxelles.
Mark Rutte, Angela Merkel, Ursula von der Leyen, Emmanuel Macron et Charles Michel, au sommet européen, le 18 juillet à Bruxelles. FRANCISCO SECO / AP

Les discussions ont continué de buter sur les exigences des pays « frugaux », au grand dam des capitales du sud de l’Union européenne (UE), samedi 18 juillet. En conséquence, les dirigeants des vingt-sept Etats membres, réunis en sommet à Bruxelles depuis vendredi, vont tenter de dégager un compromis sur un plan de relance post-coronavirus massif dimanche à midi, a rapporté le porte-parole du président du Conseil européen sur Twitter.

Peu après 23 heures, samedi, les dirigeants se sont séparés toujours sans accord. Le sommet, qui a débuté vendredi à 10 heures, était officiellement prévu sur deux jours. Des rencontres bilatérales et multilatérales sont prévues dans la nuit, a fait savoir une source européenne. Selon une autre source diplomatique, le président français, Emmanuel Macron, et la chancelière allemande, Angela Merkel, sont directement partis en réunion avec le premier ministre néerlandais, Mark Rutte.

Dimanche, à son arrivée au sommet pour une journée qu’elle a qualifiée de « décisive », Mme Merkel a jugé « possible » que les Européens ne parviennent pas à un accord.

Samedi, le premier ministre italien, Giuseppe Conte, a décrit un peu avent 18 heures les négociations comme « beaucoup plus difficiles que prévu », évoquant même une « situation d’impasse » sans plus de précisions. « Les Pays-Bas et autres “frugaux” ne comprennent pas la nécessité d’une réponse forte », a-t-il déploré.

Concessions

Ce plan a pour objectif d’infléchir la position des Etats « frugaux » en leur offrant des concessions, en particulier sur la répartition entre les subventions et les prêts, ainsi que sur les conditions qui encadreront le versement de l’argent. Le nouveau projet, inspiré d’une proposition d’Angela Merkel et d’Emmanuel Macron, prévoit toujours un plan de 750 milliards d’euros.

Mais les fonds sont désormais composés de 300 milliards d’euros de prêts et de 450 milliards d’euros de subventions – qui devront être remboursés par de nouvelles ressources propres de l’UE) – contre 250 milliards d’euros de prêts et 500 milliards d’euros de subventions initialement. Les « frugaux » préfèrent nettement les prêts aux subventions.

Il prévoit également un mécanisme permettant à un pays qui aurait des réserves sur le plan de réforme présenté par un autre Etat en contrepartie de ces aides d’ouvrir « dans les trois jours » un débat à Vingt-Sept, soit devant le Conseil européen, soit devant l’Ecofin, qui réunit les ministres des finances de l’UE. « Cela permet à un Etat de tirer le signal d’alarme, de déclencher une discussion supplémentaire sur les conditions de versement et de la porter au niveau politique », a commenté Eric Maurice, de la Fondation Robert-Schuman.

Cette idée répond au souhait du premier ministre néerlandais, Mark Rutte, qui a exigé, vendredi, que ces plans nationaux soient validés à l’unanimité des Vingt-Sept, ce qui équivaut de facto à un droit de veto. Cette demande avait été jugée « politiquement difficile à avaler » par une source diplomatique, qui résume la position d’une majorité d’Etats membres.

Dernière concession : Charles Michel propose d’accroître certains « rabais » accordés aux pays qui versent davantage d’argent au budget de l’UE qu’ils n’en reçoivent, ce dont bénéficient les quatre Etats « frugaux ». La Haye, Vienne, Copenhague et Stockholm réclamaient ces ristournes supplémentaires.

« Ambiance quelque peu fiévreuse »

C’est la première fois en cinq mois, en raison de la pandémie de Covid-19, que les chefs d’Etat et de gouvernement – tous équipés de masques de protection – se retrouvent physiquement à Bruxelles. De l’aveu même de M. Rutte, la première journée, vendredi, s’est achevée « dans une ambiance quelque peu fiévreuse », « ce qui n’est pas vraiment bon signe ».

En cause, sa position jugée trop dure sur le contrôle des fonds, et plus globalement les réticences des trois autres « frugaux » sur ce plan de relance, adossé au budget à long terme de l’UE (2021-2027) de 1 074 milliards d’euros.

Ces pays, rejoints par la Finlande, ont de profondes réserves sur cette proposition, qui devrait profiter avant tout à l’Italie et l’Espagne, deux Etats très affectés par la pandémie, mais qu’ils considèrent comme les plus laxistes en matière budgétaire. Vienne « rejette clairement la proposition actuelle », a insisté, vendredi soir, le chancelier autrichien, Sebastian Kurz. « Nous voulons, bien sûr, faire preuve de solidarité, mais nous avons également les intérêts des contribuables autrichiens à l’esprit », a-t-il tweeté.

Les réformes exigées par les pays du Nord (marché du travail, retraites…) en contrepartie des aides font, en outre, bondir les Etats du Sud, qui craignent de se soumettre à un programme imposé par d’autres, comme la Grèce dans le passé.

Le Monde avec AFP


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