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Sidi, Google et les Fantômes de la Presse Invisible

Sidi
Ah, le Calame. Le fameux, l’indépendant, le râleur de service – et accessoirement, le journal qui a encore une fois été snobé comme une vieille couverture piquée au pique-nique du pouvoir. L’édito d’Ahmed Ould Cheikh nous le rappelle : pendant que Sidi Ould Tah se prépare à séduire les actionnaires de la BAD à Abidjan, certains journalistes mauritaniens sont restés à Nouakchott… dans leur boîte mail, à guetter une invitation qui ne viendra pas. Le Calame ? Rayé de la liste. Invisible. Autant demander à Google, il n’en sait rien non plus.

Mais ce n’est pas tout. Car pendant que la délégation présidentielle sirotait son bissap au Sofitel et que la presse embarquée faisait du tourisme de conférence, nos confrères de RSF – Reporters Sans Frontières – semblent avoir préféré visiter les dorures du palais présidentiel plutôt que de s’inquiéter du sort de ceux qui grattent là où ça dérange. Pas de chance pour la presse libre : elle dérange toujours au mauvais moment.

Et puis, comme si cela ne suffisait pas, le bruit médiatique autour de la candidature de Sidi Ould Tah est si feutré qu’on a dû tendre l’oreille côté Cridem pour capter un semblant d’écho. Sur Google ? Rien. Nada. Un désert de pixels. Sur Google France, on trouve Rapide Info. En arabe, Aqlame et El Wiam tentent de faire le job. Mais dans la langue de Molière, on dirait que la campagne de Sidi a été placée sous cloche… ou sous algorithme défavorable.

Revenons à cette exclusion du Calame, présentée comme une “erreur”. Mais une erreur répétée commence à ressembler furieusement à une méthode. L’ostracisme, ce sport politique mauritanien pratiqué avec un art consommé depuis des décennies, semble avoir encore de beaux jours devant lui. Parce qu’au fond, le message est clair : « Tu critiques, tu dégages. »

Et pendant ce temps, Ahmed Ould Cheikh attend toujours des excuses. C’est mignon. Mais soyons réalistes : il risque d’attendre aussi longtemps que la réforme de la presse ou la fibre optique dans le Trarza. L’État de droit ? Un concept encore en bêta-test.

Alors, en guise de conclusion : bonne chance à Sidi Ould Tah, vraiment. Mais qu’on nous permette une suggestion : si demain il est élu président de la BAD, qu’il pense à inclure dans ses priorités la visibilité des journalistes indépendants mauritaniens. Parce qu’à ce rythme, même l’intelligence artificielle va finir par les oublier.

Ahmed Ould Bettar_ toujours branché, jamais invité.

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