Savia mint N’tahah face aux tabous mauritaniens : poétique, brutale et sans filtre
Savia mint N'tahah secoue les tabous sociaux mauritaniens avec un discours cash, entre vérité sociale, humour noir et tragédie ministérielle.
Quand Savia mint N’tahah monte au créneau, c’est toute la société mauritanienne qui passe sur le billard verbal. Mariages secrets, enfants invisibles, Towga pré-nuptiale… Dans un style mi-poétique, mi-clinique, la ministre déballe les plaies sociales au micro d’un conseil des ministres sous haute tension — pendant que les chroniqueurs du web, à découvert bancaire, tentent de capter le message.
Malgré l’abus de langage de la semaine dernière épique signé Hanefi — ce poète de la digression ministérielle — Savia mint N’tahah n’a pas cligné des yeux. Elle est ressortie saine, sauve et sans bavure, comme si on lui avait servi un latté au lieu d’une publication Facebook en mode mitraillette verbale .
Nous, les griots du Web, sans badge presse, sans micro, mais avec un compte Bankili en mode débit chronique, on a écouté le message national lors du point de presse du Conseil des ministres que Savia voulait transmettre « au peuple mauritanien tout entier », pendant qu’on rafraîchissait frénétiquement notre solde bancaire en espérant un petit virement ministériel en guise de remerciement.
Et voilà ce qu’on a capté, entre deux sanglots budgétaires :
« Nous vivons tous sur cette terre, et l’État peut faire des lois, des politiques, des plans… mais si la société n’accepte pas, nous, on peut rien faire. »
Message subliminal : On a pondu les lois, mais elles dorment au fond d’un tiroir, recouvertes de poussière, de traditions, et de « Y’a pas moyen, c’est mon cousin. »
Ensuite, Savia a dégainé le drame familial mauritanien :
Des femmes victimes de mariages secrets ,
Des enfants sans papiers car sans père, car papa a activé le mode EKRED LEKHLÉ (disparu dans les dunes),
Et des hommes victimes de leurs femmes (oui, madame a brisé le plafond du féminisme, égalité dans les plaintes).
Et là, Savia nous sort le mot magique :
« C’est du TABOU », prononcé avec un accent presque ramatoulayesque. Elle le dit une fois, deux fois, trois fois comme pour invoquer un génie social endormi dans le bidon de lait des traditions. Même le journaliste du fond a esquissé un sourire en coin — avant de se rappeler qu’il n’a pas encore payé son abonnement Internet.
Et puis on entre dans la zone sinistrée de l’action sociale :
Une cellule qui reçoit plus de demandes de pension que le Trésor public,
Des maris qui disparaissent la veille du jugement, et reviennent comme par magie avec une liasse de billets en guise de paix conjugale,
Des femmes qui ferment leur téléphone dès que l’argent arrive,
Et l’État qui paye les honoraires d’avocats fantômes parce que la justice, c’est devenu un mélodrame de quartier.
Savia, stoïque, déclare :
« Si le mari n’a rien, on paie. S’il a un sou, on lui prend. Sans pitié. »
Mais le clou du spectacle ? La Towga.
Savia nous révèle que désormais, au lieu de fiançailles, on a droit à :
Le mari qui débarque avant le mariage, armé de ses potes, parfois avec une baguette, parfois avec des bonbons Bounty quand le budget est serré.
C’est la cerise sociale sur le gâteau tribal.
Et tout ça, sans loi, sans cadre, sans filet, juste le vent et les réseaux sociaux.
Alors Savia conclut (encore une fois) :
« Je fais appel à vous, presse et faiseurs d’opinion.»
Mais Sophie, nous on veut bien t’aider, hein. Mais t’as vu l’état de nos comptes après la bataille du mouton de la fête ? Les poches vides, les stylos secs, le moral en rade.
Donc si tu veux que ton message passe, débloque un petit quelque chose. Un virement symbolique, un kit presse, un bon pour trois tweets sponsorisés. On n’est pas des ONG non plus.
Savia n’tahah.
Elle parle comme une poétesse des temps modernes,
elle décrit la misère conjugale comme un diagnostic chirurgical,
elle dit « tabou » comme on dit « résistance »,
et elle espère qu’on l’écoute,
nous, les chroniqueurs du rien,
avec nos claviers en location,
et nos dettes en streaming.
Mais madame la ministre,
si tu veux qu’on amplifie ta voix,
tu sais où glisser le chèque.
Mohamed Ould Echriv Echriv