Sahara occidental : que se passe-t-il depuis la rupture du cessez-le-feu ?
22 NOV 2020 Mise à jour 22.11.2020 à 16:08 par TV5MONDE AFP
De fortes tensions persistent dans le territoire disputé du Sahara occidental depuis la rupture du cessez-le-feu décrétée le 13 novembre par le Polisario en réaction à une opération militaire marocaine dans une zone tampon de l’extrême sud visant à rétablir le trafic routier coupé par les indépendantistes sahraouis.
out a commencé au poste frontière de Guerguerat, à l’extrême sud du Sahara occidental, là où passe la seule route reliant le Maroc à l’Afrique de l’Ouest, via cet immense territoire désertique que lui dispute le Front Polisario depuis des décennies.
Un point sur ce qu’il s’est passé depuis.
Au poste-frontière de Guerguerat
Le drapeau marocain a été déployé au poste-frontière situé dans la zone tampon de 5 kilomètres tracée dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu de 1991.
Les autorités marocaines n’ont pas annoncé le retrait de leurs troupes. Environ 200 véhicules militaires sont entrés le 13 novembre dans ce « no man’s land » pour chasser le groupe de militants indépendantistes sahraouis qui bloquaient la route avec le soutien de quatre véhicules armés.
Les Marocains ont mené des travaux de remblai sur les derniers kilomètres de la seule route menant à la Mauritanie, alors que le Polisario conteste la légalité de cet axe routier, contraire selon lui à l’accord de 1991 signé sous l’égide de l’ONU.
Le royaume chérifien a achevé la construction d’un mur de sable jusqu’à la frontière avec la Mauritanie, selon le Premier ministre marocain Saad-Eddine El Othmani.
Ce mur, édifié en complément du mur de défense construit par le Maroc le long de la ligne de démarcation prévue par les accords de 1991, vise à « sécuriser définitivement le trafic civil et commercial », selon lui.
Par ailleurs, de grands travaux lancés il y a plusieurs mois se terminent sur la « Nationale 1 » qui mène jusqu’au port de Tanger, sur la Méditerranée, un axe routier essentiel pour les relations commerciales du Maroc avec l’Afrique de l’Ouest.
Le long du mur
Depuis la semaine dernière, des échanges réguliers de tirs opposent les deux camps le long du mur de sable de 2.700 km érigé par les Marocains.
Pour l’instant, la force de paix de l’ONU n’a fait état d’aucune victime.
Le Polisario annonce chaque jour des « attaques massives » sur différents points de ce mur étroitement surveillé par les forces marocaines.
Très discret sur les mouvements militaires, le Maroc communique surtout sur la légitimité de sa présence et sur le soutien de tribus sahraouis locales et de pays amis.
Les deux camps se livrent une guerre d’informations sur les réseaux sociaux.
La situation géographique de cet immense territoire désertique situé dans une zone stratégique du Sahara rend difficile toute vérification sur le terrain. Même la mission de l’ONU (Minurso) se dit impuissante à savoir ce qu’il se passe réellement depuis la rupture du cessez-le-feu.
A l’ONU
Les Nations unies ont plusieurs fois appelé « les parties à prendre toutes les mesures nécessaires pour faire baisser la tension ». Des discussions sont en cours dans l’espoir de faire cesser les tirs et de relancer le processus de règlement politique, à l’arrêt depuis mars 2019.
Pour l’instant, aucune réunion d’urgence du conseil de sécurité de l’ONU n’est prévue, selon des sources diplomatiques à New York.
La dernière résolution du Conseil de sécurité adoptée le 30 octobre a été jugée favorable à « l’esprit de l’initiative d’autonomie marocaine » par le roi Mohammed VI. Les « thèses » adverses ont été « anéanties », selon lui.
Après l’adoption de cette résolution prolongeant d’un an le mandat de la Minurso, le Polisario a affirmé n’avoir d’autre choix que d’« intensifier le combat » et de recourir « à tous les moyens légitimes » pour obtenir « le droit à l’autodétermination ».
Le Maroc, qui contrôle les trois quarts du Sahara occidental, ses gisements de phosphate et ses eaux poissonneuses, veut une autonomie sous sa souveraineté.
Le Polisario demande depuis trente ans l’organisation d’un référendum d’autodétermination prévu par l’accord de 1991, mais jamais mis en oeuvre.